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Contexte

Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) se transmet par le sang et les fluides corporels. Il détruit progressivement le système immunitaire pour provoquer le syndrome d’immunodéficience acquise, le Sida. Ce stade avancé de la maladie entraîne l'apparition d'infections opportunistes, dont les plus courantes et les plus mortelles sont la tuberculose et la méningite cryptococcique.

Malgré une mobilisation internationale sans précédent au cours des dernières décennies, qui a permis d'obtenir d'importantes avancées dans la lutte contre le VIH/Sida, la maladie continue de tuer massivement. En 2019, 38 millions de personnes étaient séropositives dans le monde et l'OMS estime que le virus aurait causé 690 000 décès.

Si les traitements antirétroviraux (TARV), permettant de stabiliser la maladie, restent difficiles – voire très difficiles – d’accès dans de nombreux pays ou régions du monde, la part des personnes sous TARV est en constante augmentation. En vingt ans, les TARV auraient ainsi permis de sauver plus de 15 millions de vies (OMS, 2019). Selon ONUSIDA, 26 millions de personnes avaient accès à la thérapie antirétrovirale en 2020, soit environ 68 % des malades. C'est le résultat d'années d'efforts pour améliorer l'accès aux outils de diagnostic et l'accès des personnes séropositives aux traitements antirétroviraux et aux soins de suivi. Dans ses projets, comme au Kenya, Médecins Sans Frontières a mis en place des nouveaux modèles de diagnostic et de prise en charge intégrée des patients, avec des approches simplifiées, décentralisées et adaptées du suivi des soins, qui prouvent leur efficacité dans la régulation de l'épidémie. Des traitements encore plus adaptés doivent néanmoins être disponibles pour les femmes enceintes, les enfants et les adolescents.
 
Les pays d'Afrique subsaharienne concentrent la plupart des nouvelles infections dans le monde. Dans des pays comme le Mozambique, l'Eswatini, le Malawi ou la République centrafricaine (RCA), les taux de prévalence de l'épidémie reste très importants. En République démocratique du Congo (RDC) ou en Guinée, même si la prévalence est moindre, les populations rencontrent toujours de réelles difficultés d’accès au diagnostic et à la prise en charge du VIH/Sida.

Au Kenya, entre 2014 et 2018, un meilleur accès au dépistage et aux traitements, ainsi qu'une meilleure qualité de soins ont permis de réduire considérablement le pourcentage de la population vivant avec le VIH dans le sous-comté de Ndhiwa, comme l’ont montré les études d’Épicentre menées en 2012 et 2018.

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Nécessaire généralisation de l'accès aux dépistages et aux traitements

Plus le diagnostic du VIH/Sida est tardif, moins il sera possible de prendre en charge efficacement les patients infectés par le virus. Or l'accès au dépistage du VIH reste encore difficile, en Afrique subsaharienne par exemple, notamment pour des raisons d'inégalités d'accès aux soins, de coût, d'équipement médical limité, de stigmatisation des malades. Il est ainsi essentiel, dans un premier temps, de sensibiliser la population sur la nécessité de connaître son statut sérologique pour éviter au maximum que l'initiation aux traitements antirétroviraux ne se fasse à un stade trop avancé. 

770 000

Entre 2016 et 2019, MSF a fourni des traitements antirétroviraux  à 770 000 patients.

L'utilisation de tests rapides a été recommandée par l'OMS afin de détecter de manière précoce la charge virale et de mesurer la présence de cellules CD4, permettant d'apprécier l'état du système immunitaire. Pendant des années, ces tests rapides sont restés insuffisamment déployés dans les pays les plus touchés par l'épidémie et étaient donc rarement disponibles au niveau communautaire.  

Si on ne peut pas encore guérir du VIH/Sida, les traitements antirétroviraux garantissent un meilleur contrôle de la maladie et des chances de survie en bonne santé sur du plus long terme. Les TARV réduisent également de manière significative la probabilité de la transmission du virus et permettent ainsi de réduire le taux d'incidence du VIH/Sida, soit le nombre de nouveaux cas par million d'habitants dans l'année du diagnostic, et le taux de prévalence, c'est-à-dire la proportion générale de la population infectée par le virus. 
Le prix du traitement a considérablement baissé depuis le début des années 2000, mais des efforts sont encore nécessaires pour permettre aux populations d’y accéder plus rapidement. Les financements internationaux – et des politiques associées – pour l'accès aux TARV ont aussi davantage été dirigés vers les pays d'Afrique australe (à forte prévalence) que vers les pays d'Afrique occidentale et centrale, où leur mise à disposition à grande échelle a été négligée

 

© Adrienne Surprenant

L’épidémie silencieuse

VIH/Sida, une situation critique en Centrafrique

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Pour que les TARV soient efficaces, il est par ailleurs essentiel que la prise de médicaments quotidienne ne soit pas interrompue. Alors que c'est un enjeu majeur, les populations sous TARV rencontrent pourtant des difficultés pour accéder à un suivi régulier des soins, notamment pour des raisons financières ou logistiques (stock de médicaments indisponible, coût du traitement, distance et coût du trajet pour se rendre à l'hôpital, etc.) Ainsi, beaucoup meurent encore du VIH/Sida, même sous traitement antirétroviral.

 

La transmission du virus de la mère à l’enfant (PTME) est un autre enjeu majeur qu'il faut également prévenir. La PTME consiste à administrer des TARV, en particulier le traitement en prophylaxie, à la mère pendant et après la grossesse, durant l’accouchement et l’allaitement, ainsi qu'au nouveau-né – juste après sa naissance. Dans leurs activités de promotion de la santé, les équipes MSF ont aussi encouragé la circoncision masculine, méthode de prévention avérée et reconnue pour limiter la transmission du VIH. 

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Suivi des soins : des approches décentralisées pour réduire la prévalence dans les foyers communautaires

Dans ses projets, comme au Malawi, MSF a mis en place une nouvelle stratégie opérationnelle appelée « cercle de soins », donnant un rôle prépondérant au personnel médical communautaire dans la prévention du VIH et l'identification de nouveaux symptômes chez les personnes infectées, nécessitant des soins supplémentaires. Cette stratégie vise à simplifier les processus de prise en charge et à limiter les transferts de patients de la communauté vers le centre de santé puis vers l'hôpital. 

Dans son projet à Ndhiwaau Kenya, l'un des foyers de VIH les plus importants au monde, MSF a amélioré la prise en charge des patients en adoptant, dès 2014, l'approche dite du  « traitement comme prévention ». Elle comprend plusieurs axes d'interventions complémentaires : 

  • La sensibilisation des communautés sur l'importance de connaître son statut sérologique. Cela s'est traduit par des activités de promotion de la santé, en collaboration avec des représentants communautaires, pour effectuer directement des tests de dépistage dans les villages et les maisons et référer systématiquement les personnes positives vers une structure de santé locale.
  • L'amélioration et la généralisation de l'accès à des traitements antirétroviraux est insuffisante en soi. Elle doit se combiner avec un accompagnement et un suivi médical du patient tout au long de sa vie, avec des traitements adaptés à l’évolution de la maladie. Les soins contre le VIH ont ainsi été dispensés dans des centres de santé ruraux, par un personnel médical plus qualifié et sans  rupture de stock des médicaments. La mise en place d'un circuit court des prélèvements sérologiques – acheminés à moto depuis le centre de santé vers le laboratoire de proximité – , ainsi que la performance de nouveaux équipements, ont permis de rendre plus rapide les résultats des tests et leur analyse. L'objectif : mesurer régulièrement la charge virale et identifier les éventuelles rectifications dans l'administration des TARV.
  • La suppression progressive de la charge virale en la rendant indétectable pour réduire le taux d'incidence de l'épidémie et, à terme, sa prévalence.
     

Les études réalisées conjointement par Épicentre et MSF en 2012 et 2018 dans le comté de Ndhiwa montrent l'efficacité de cette approche avec des résultats probants : 

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Accompagner les enfants et les jeunes séropositifs

Dans le district de Chiradzulu, au Malawi, les équipes MSF ont pris conscience de la situation spécifique des enfants et adolescents séropositifs, notamment au niveau de la compréhension difficile de la maladie à un jeune âge. Elles ont ainsi décidé de leur apporter davantage de suivi médical et psychosocial. Pour éviter une perte de confiance ou une stigmatisation trop forte en raison de leur séropositivité, des groupes de soutien et d’entraide réservés aux jeunes ont été mis au point : les Teen clubs.