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A Calais, des conditions d’accueil inhumaines

Dans "la Jungle" de Calais le 29 septembre 2015.
Dans "la Jungle" de Calais, le 29 septembre 2015. © Aurélie Baumel/MSF

Ils ont fui le Soudan, la Syrie, l’Afghanistan, l'Erythrée… Et vivent aujourd’hui à Calais sur le site dit de « la Jungle ». D’autres se trouvent à Paris dans un lycée désaffecté. Pauline Busson, chef de mission MSF, décrit les conditions de vie de ces exilés qui tentent d’aller en Angleterre ou espéraient trouver un avenir en France.

A quoi ressemble le site où sont regroupés les réfugiés à Calais ?

Ce site ressemble toujours à un bidonville. Mais il y a des changements et cela va vite. Le nombre de réfugiés augmente régulièrement, ils sont près de 6000 maintenant, contre 2500 en mars, et l’on voit de plus en plus de femmes et d’enfants. Leur installation s'est faite de manière complètement anarchique sur un site inadapté et non aménagé. Ce n’est pas pour rien que le site s’appelle « la Jungle ». Rien n’avait été prévu par exemple pour la gestion des déchets, quatre grandes bennes avaient juste été posées. Le site était parsemé de tas d’ordures accumulées depuis des semaines, qui pourrissaient. Maintenant il y a des progrès. L’équipe logistique de MSF a fait un gros travail pour organiser la collecte des déchets. Une camionnette MSF passe tous les jours dans le camp pour ramasser les ordures et distribuer des sacs poubelles. Et ce sont 20 tonnes de déchets qui sont ramassées tous les jours avec le concours des services techniques municipaux qui vident les bennes.

Quels sont les principaux besoins ?

L’hygiène est un problème. Le nombre de toilettes et de douches est très insuffisant. MSF a installé 45 toilettes chimiques, il faudrait aussi des douches supplémentaires. Ce qui implique d’assurer une alimentation en électricité pour avoir de l’eau chaude. Il faudrait de plus prévoir des éviers car comme les rampes d’eau sont trop basses, les gens pataugent dans la boue et sont accroupis par terre pour se laver les dents ou laver leur linge.  Sur le plan médical, le dispensaire qu’a ouvert MDM et où s’est installée une équipe MSF fonctionne bien. Une moyenne de 80 consultations y sont données par jour. Comme les conditions d’hygiène sont très mauvaises, puisqu’il est très difficile de se laver, les dermatoses sont fréquentes, les cas de gale aussi. Autres pathologies observées, les infections respiratoires hautes car il commence à faire froid et les entorses, fractures, plaies que les réfugiés se font quand ils tentent de rentrer dans les camions ou de sauter dans les trains qui empruntent le tunnel sous la Manche. 

Comment l’aide s’organise ?

Nous, MSF, sommes présents depuis début septembre. Sinon il y a une myriade d’acteurs de tous bords, professionnels ou improvisés. Ce sont des associations créées localement pour répondre à la problématique des migrants – l’une d’elles distribue des repas chauds. Des associations nationales de secours sont aussi présentes ainsi que de très nombreux bénévoles, Français, Anglais, anarchistes, hippies ou militants dont certains vivent dans le camp. Les Calaisiens interviennent aussi notamment le week-end. Tout ce monde apporte de la nourriture, des vêtements, des choses très diverses qu’il distribue gratuitement. Ces diverses initiatives visent à rendre la situation plus supportable dans le camp alors que les pouvoirs publics abandonnent à leur sort ces exilés.

On voit un peu la même chose à Paris, dans un lycée désaffecté qui abrite des exilés ?

Le lycée Jean Quarré du 19ème arrondissement est un site d’hébergement temporaire toléré par la mairie de Paris. Il est sale, surpeuplé avec des installations sanitaires indigentes. Environ 800 personnes – surtout des hommes jeunes originaires du Soudan, d’Afghanistan, d’Erythrée, de Somalie mais aussi du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest – y vivent dans des conditions indécentes. Certains n’ont pas d’autre choix que de vivre là alors qu’ils ont obtenu le statut de réfugié et ils sont désespérés. Face à ces conditions d’accueil inhumaines, un Soudanais du Darfour, réfugié statutaire, m’a dit qu’il envisageait de retourner dans le pays où il est persécuté.

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