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En Irak, des réfugiés dans des bâtiments en construction

« L’hiver approche et je ne sais pas comment nous allons survivre sans fenêtres ni chauffage lorsqu’il gèlera. »
« L’hiver approche et je ne sais pas comment nous allons survivre sans fenêtres ni chauffage lorsqu’il gèlera. » © Gabrielle Klein/MSF

Les promoteurs immobiliers du nord de l’Irak ne s’attendaient probablement pas à voir les complexes résidentiels en parpaings qu’ils venaient de construire servir de refuge aux milliers de personnes ayant fui récemment la région de Sinjar.

Ceci explique en effet pourquoi, dans la ville de Zakho, la construction de « Dabin city », un récent projet immobilier de sept tours, n’est toujours pas achevée alors que quelque 6 500 déplacés internes se sont déjà installés dans certains des immeubles à moitié édifiés.

Le chantier sert de terrain de jeu aux enfants qui s’y amusent  au milieu des ouvriers qui entassent des charges instables dans les étages les plus élevés et déchargent des matériaux lourds de leurs camions. Des groupes d’hommes, insensibles à la poussière alentour, s’y retrouvent pour discuter et des femmes profitent des points d’eau, où elles viennent, nombreuses, laver leur linge et remplir seaux et jerricans.

Dalal est la seconde épouse d’Ahmed, un professeur de Sinjar. Elle partage, avec 30 autres personnes de sa famille élargie, quatre pièces au 6e étage d’un immeuble en construction. Dalal nous parle devant une flopée d’enfants de tous les âges assis calmement sur le sol en béton. « Je ne sais pas par où commencer…  Ma vie ici est un combat quotidien, déclare‑t‑elle posément. Nous n’avons pas assez de place, les enfants sont très nombreux et ils n’ont aucun espace où jouer. »

Dalal et sa famille compte parmi les nombreuses personnes vivant ici sans eau courante, sans sanitaires et sans électricité. Les rares poêles ne sont pas allumés, car le combustible revient cher pour ces familles sans ressources. Peu d’appartements possèdent des fenêtres et à certains niveaux, notamment dans les derniers étages, les murs externes sont absents. Mais le problème le plus grave est l’hygiène.

« J’ai du mal à descendre les escaliers à cause de douleurs à la hanche, ajoute Dalal. Lorsque les enfants se réveillent la nuit pour aller aux toilettes, c’est vraiment compliqué de les conduire en bas aux latrines dans l’obscurité ». La belle‑mère de Dalal peut à peine se tenir debout ; elle n’a pas bougé de la pièce où elle dort depuis qu’elle est arrivée.

Les 20 latrines disponibles débordent d’excréments, dégagent une odeur insupportable et sont infestées de mouches. Il est prévu d’installer 50 toilettes supplémentaires, mais les promoteurs ont déjà menacé de poursuivre en justice toute personne qui tenterait de creuser sur le site.

Pour entrer dans l’immeuble, les résidents passent un à un sur les planches en bois qui tiennent lieu de passerelles au‑dessus de l’eau putride et noire qui stagne sur le terrain inondé. À l’étage supérieur, deux hommes portant un masque et des bottes en plastique remplissent des sacs poubelle de boue fétide ; ces sacs sont ensuite déposés à l’entrée de l’immeuble où ils sont entreposés.

« Nous observons que le manque d’hygiène et la surpopulation ont des effets de plus en plus néfastes sur la santé des résidents, affirme le docteur Zahra qui travaille au poste de santé mis en place par MSF à côté du site de construction. Les cas de diarrhée, de troubles gastro-intestinaux et de maladies de la peau ne cessent d’augmenter », renchérit‑elle. Une campagne de vaccination contre le choléra avait été envisagée par les autorités de santé locales, puis abandonnée sous prétexte que le pic saisonnier est terminé.

Bien que plusieurs camps soient en cours d’installation, deux mois après l’arrivée de 400 000 nouveaux arrivants dans la région kurde de l’Irak, aucun d’eux n’est prêt. Quelques‑uns le seront peut‑être d’ici le début de l’hiver. Pour répondre à cette situation d’urgence, une équipe de MSF spécialisée dans l’eau et l’assainissement s’efforce de combler ces lacunes. Plus de 100 latrines et 100 douches devraient être construites, ainsi que 50 espaces de lavage supplémentaires. Une équipe constituée de 40 personnes  sera également recrutée pour assainir le site et déblayer les déchets. Et des kits d’hygiène vont en outre être distribués aux résidents. Des experts de MSF mettent par ailleurs en place un système de gestion des eaux usées.

Dalal se tient dans ce qui devrait être l’encadrement  d’une fenêtre d’où elle tente de hisser jusqu’au 6e étage un drap auquel est accroché un jerrican rempli d’eau. « Nous utilisons énormément d’eau sans même savoir si elle est potable, indique‑t‑elle, puis, désignant l’ouverture béante, elle ajoute, inquiète : nous n’avons pas de fenêtres, il commence à faire froid et nous ne disposons pas de suffisamment de couvertures. L’hiver approche et je ne sais pas comment nous allons survivre sans fenêtres ni chauffage lorsqu’il gèlera. »

Les infections respiratoires représentent actuellement la première cause de maladie. Les files d’attente dans les cliniques sont longues et les gens s’impatientent. « La grande majorité des patients sont atteints de maladies faciles à évitées car elles sont directement liées aux mauvaises conditions de vie. De plus en plus de malades se présentent à la clinique et nous devons en refuser beaucoup chaque jour, parce que nous ne pouvons pas suivre le rythme », précise le docteur Zahra. MSF s’apprête à distribuer plus de 10 000 couvertures d’ici au mois de novembre.

De retour dans l’appartement vide de Dalal, c’est désormais à elle de poser ses questions : « Dites‑moi, quand les camps seront‑ils prêts ? Quand pourrons‑nous déménager ? Quelqu’un se préoccupe‑t‑il de nous ? »

Aller plus loin

► Consultez notre dossier consacré à la situation en Irak.

 

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