Entretien avec Jacques Pinel : organiser l’action médicale d’urgence

Portrait de Jacques Pinel à l'Assemblée Générale de MSF en juin 2011
Portrait de Jacques Pinel à l'Assemblée Générale de MSF en juin 2011 © Ludovic Weyland

Jacques Pinel, pharmacien et inventeur de la logistique à MSF, raconte comment s'est mise en place cette fonction essentielle au bon déroulement des opérations.

Une organisation sans organisation. C’est ce que Jacques Pinel découvre quand il rencontre MSF pour la première fois en Thaïlande.  Grâce à lui, l’allure des opérations de MSF va radicalement se transformer en une machine logistique d’une redoutable efficacité. Jacques Pinel raconte ses débuts.

« En 1979, j’étais en touriste à Bangkok chez des copains quand il y a eu cette arrivée massive de réfugiés cambodgiens à la frontière. Ils rentraient par dizaine de milliers après être restés des semaines bloqués à la frontière. Le HCR [Haut Commissariat pour les Réfugiés des Nations Unies] avait mis des affichettes dans les ambassades disant qu’ils cherchaient des volontaires pour travailler sur la frontière. Donc je suis parti avec le HCR, voir si je pouvais servir à quelque chose. Et là, en rentrant dans le camp, on m’a dirigé vers l’équipe de MSF. J’ai dit : « Je suis français, pharmacien, est-ce que je peux servir à quelque chose ? ». On m’a répondu : « Là il y a une équipe médicale, c’est MSF, t’as qu’à aller les voir ».

De l’intendance à la logistique

Il y avait des réfugiés partout, tout le monde était débordé par la situation. Dans un coin des tentes MSF, il y avait plein de cartons  sous une bâche, pour les protéger de la pluie. Chacun venait se servir, chercher, voir ce qu’il y avait. Il fallait s’y coller…! Ce fut pour moi la conception de « l’intendance » - on n’appelait pas encore ça la logistique à l’époque… Moi effectivement, ce n’est pas tellement de ranger des trucs sur des étagères qui me passionnait, mais c’est le fait de voir ce qu’il faut faire pour permettre à une équipe médicale de faire son travail médical.

Donc je suis rentré par le côté « médicaments » et puis par proximité, c’est un peu cette organisation générale que j’ai commencé à mettre en place. Il y avait une partie d’administration, et une autre d’intendance de base : que les voitures fonctionnent, que les contrats de location soient renouvelés, que les chauffeurs soient payés, qu’il y ait de l’argent en caisse, etc.

Et comme ça marchait bien, deux ans après mon arrivée, les dirigeants de l’époque m’ont proposé de venir à Paris faire un peu la même chose pour le reste du monde. »

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