Depuis les années 2000, les épisodes de guerre à la frontière entre la bande de Gaza et Israël se répètent avec un recours systématique aux bombardements aériens lors des offensives militaires de l’armée israélienne : opérations « Pluies d'été » (2006), « Plomb durci » (2008-2009), « Pilier de défense » (2012), « Bordure protectrice » (2014). Cette dernière, la quatrième en huit ans, a été la plus meurtrière : près 2 200 morts côté palestinien, dont 70 % de civils, et plus de 10 000 blessés. Les équipes MSF ont été directement témoins d'attaques sur les civils et de destructions délibérées d’infrastructures essentielles.
Entre mars 2018 et la fin 2019, les manifestations pacifiques de la « Grande Marche du Retour », organisées tous les vendredis par les habitants de Gaza, ont été réprimées dans un bain de sang par les forces armées israéliennes. Semaine après semaine, malgré les efforts des quelques acteurs de santé sur le terrain, les besoins urgents de milliers de personnes souffrant de blessures causées par des balles dévastatrices ont largement dépassé les capacités de soins disponibles dans les services hospitaliers locaux, déjà affaibli par plus de dix ans du blocus.
Nous n’imaginions pas qu’un tel nombre de personnes seraient blessées par balles
« Nous n’étions pas prêts à ce qui s’est produit. Nous regardions chaque tir de roquette depuis Gaza, chaque assassinat et chaque bombardement, en nous demandant si cela allait déclencher une nouvelle guerre, plus violente encore que celle de 2014. Mais nous n’imaginions pas qu’un tel nombre de personnes seraient blessées par balles pendant les manifestations de la "Grande Marche du Retour". Ces rassemblements ont tourné au bain de sang, avec une régularité implacable, mois après mois, au point de presque nous y habituer. »
Marie-Elisabeth Ingres, Cheffe de mission MSF en Territoires palestiniens occupés
Les équipes MSF ont progressivement augmenté leurs activités pour faire face au nombre important de patients arrivant avec des fractures ouvertes aux jambes. La plupart des blessures – sévères, complexes et longues à traiter – ont nécessité des opérations de chirurgie reconstructive, avec des risques élevés d'infections osseuses. Dans les trois hôpitaux (deux sont consacrés à la prise en charge des patients de la « Grande Marche du Retour », l'autre au traitement des grands brûlés) qu'elle soutient dans la bande de Gaza, MSF a pratiqué plus de 4 200 interventions chirurgicales a admis plus de 10 000 grands brûlés entre 2018 et 2019. Les équipes ont également dispensé des soins dans quatre cliniques postopératoires, ont assuré des séances de physiothérapies aux patients et ont apporté un soutien psychologique pour aider les patients à supporter des traitements longs et pénibles.