Dans son nouveau rapport intitulé « Return to abuser » (« Renvoyés chez l'agresseur »), Médecins Sans Frontières (MSF) documente les défaillances des mécanismes de protection et de mise en sécurité des victimes de violences domestiques et sexuelles en Papouasie-Nouvelle Guinée. Ce rapport souligne ainsi les manques du système judiciaire et l’habituelle impunité dont bénéficient les agresseurs ; des défaillances qui, une fois la prise en charge médicale immédiatement assurée après l’abus, mettent en danger les victimes.
Le rapport « Renvoyés chez l'agresseur » illustre les agressions répétées, et souvent de plus en plus violentes, que des femmes et des enfants subissent au sein même de leurs familles et de leurs communautés, des espaces normalement synonymes de sécurité.
L’analyse de statistiques concernant 3 000 victimes de violences domestiques et sexuelles prises en charge par MSF, en 2014-2015, à Tari et dans la capitale Port Moresby, révèle que 94% des victimes étaient des femmes et qu’une sur dix avait subi des violences répétées. 76% des victimes déclaraient connaître leur(s) violeur(s) et près de la moitié des viols avaient eu lieu au domicile de la victime. Les mineurs représentaient plus de la moitié des cas de viol et 17% étaient âgés de moins de cinq ans.
Malgré des améliorations notables ces dernières années, de nombreuses victimes de violences domestiques et sexuelles dans le pays n’ont toujours pas accès aux soins, aux mesures de protection et aux recours juridiques adaptés et nécessaires.
« Sans une réponse adéquate des autorités papoues, les femmes vont rester piégées dans des relations violentes, sans pouvoir se mettre elles-mêmes ni leurs enfants à l’abri ; les mineurs les plus vulnérables, battus ou violés à la maison, vont continuer à être renvoyés chez leurs agresseurs ; et la prise en charge médicale risque de se résumer à la pose d’un pansement entre deux agressions », explique Angelika Herb, chef de mission de MSF en Papouasie-Nouvelle Guinée.
Pour MSF, il est urgent que des services de prise en charge médicale et psychologique soient accessibles partout dans le pays et que des mécanismes de protection et d’hébergement alternatif (comme les ‘safe houses’) soient disponibles.
Depuis 2009, souvent en collaboration avec les autorités sanitaires du pays, MSF a pris en charge près de 28 000 victimes de violences domestiques et sexuelles en Papouasie-Nouvelle-Guinée. MSF s’apprête à transmettre son projet de prise en charge, comprenant un Centre de Soutien Familial, aux autorités papoues.
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