Guerres au Yémen ou en Syrie ; affrontements armés en Centrafrique, en République démocratique du Congo (RDC), au Soudan du Sud ou au Burkina Faso ; populations piégées entre l’armée et Boko Haram dans le nord du Nigéria ; persécutions et massacres des Rohingyas au Myanmar ; faillite de l'Etat vénézuélien : autant de situations qui poussent des personnes à fuir leur pays par milliers. Sans compter celles qui sont obligées de quitter leur lieu de vie, menacées par des catastrophes naturelles : inondations torrentielles successives au Soudan du Sud, sécheresse dans certaines régions d'Afrique subsaharienne ou encore en Afghanistan.
Médecins Sans Frontières (MSF) fait sa première expérience des camps de réfugiés en 1976 en Thaïlande, et c’est au contact des déplacements massifs de population en Éthiopie en 1985 ou dans la région africaine des Grands lacs dans les années 1990 que l’association est forcée à se professionnaliser. Entre 1976 et 1982, le nombre de réfugiés recensés par le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations-unies (HCR) passe en effet de trois à onze millions et continue d’augmenter jusqu’aux années 1990, décennie à partir de laquelle le nombre de réfugiés reflue tandis que celui des déplacés internes augmente. Lors de ces déplacements massifs, c’est la plupart du temps par dizaines, voire par centaines de milliers que les populations fuient.
Déjà affaiblies par leur exode, les personnes déplacées et réfugiées sont ensuite exposées aux risques épidémiques dans les camps où elles sont regroupées dans une forte promiscuité et dans des conditions de vie insalubres, également confrontées au manque de nourriture et d’eau potable. Les populations les plus fragiles d’un point de vue physiologiques – femmes enceintes, jeunes enfants, personnes atteintes de maladies chroniques, personnes âgées – sont alors particulièrement menacées. En milieu tropical, la rougeole, les diarrhées, les infections respiratoires, le paludisme et la malnutrition peuvent faire des ravages en quelques semaines.
Confrontée à ces situations, MSF a développé depuis les années 1980 un panel d’actions qu’elle est aujourd’hui capable de déployer en urgence : distribution d’eau, assainissement, campagnes de vaccination, distributions de nourriture, prévention et prise en charge de la malnutrition et des épidémies, construction d’abris, consultations médicales et hospitalisations. Elle a aussi développé des outils de surveillance épidémiologique afin d’adapter la réponse à l’évolution des besoins, en mesurant notamment les taux bruts quotidiens de mortalité, qui indiquent la gravité de la situation.
En 2020, le HCR estime le nombre de réfugiés et de déplacés dans le monde autour de 80 millions de personnes. Trouver des solutions durables pour les personnes déplacées de force est devenu encore plus difficile qu'autrefois : les conflits s'éternisent au lieu de se résoudre et l'insécurité demeure dans de nombreux pays d'origine.
Persécutés au Myanmar, les Rohingyas ont fui massivement leur pays en 2017 et se sont établis dans les camps de Kutupalong à Cox's Bazar, au Bangladesh. Aujourd’hui, ils sont plus de 860 000 à y vivre, ce qui en fait le plus grand camp de réfugiés au monde. MSF y gère 10 hôpitaux et centres de santé dans lesquels les équipes offrent la prise en charge des maladies chroniques, soins pédiatriques et maternels, de santé sexuelle et reproductive, intensifs, de santé mentale et prise en charge des violences sexuelles.