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Syrie : dans les camps du nord-est, l’arrêt du système de transferts médicaux met de nombreuses vies en danger

Un enfant court dans les rues du camp d'Al Hol, dans le nord-est de la Syrie.
Un enfant court dans les rues du camp d'Al-Hol, dans le nord-est de la Syrie. © Florent Vergnes

En raison d'une absence de fonds, les transferts médicaux jusque-là financés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans 11 camps dans le nord-est de la Syrie, y compris le camp d'Al Hol, ont cessé. Médecins Sans Frontières (MSF) s’inquiète du risque d’augmentation significative du nombre de décès dans la région.

« Le manque de financement de l'OMS signifie que depuis la fin du mois de mars, les patients nécessitant des soins spécialisés ou complexes ne sont plus transférés. Cette décision intervient dans un contexte de baisse globale des financements humanitaires affectant l’OMS. Cette réduction des fonds empêche la population du camp d'Al-Hol, où MSF travaille et d'autres camps dans le nord-est de la Syrie, d'accéder à des soins de santé secondaires et spécialisés. Cela laisse des vies en suspens, en majorité celles d’enfants, parfois avec des maladies traitables et évitables, et d'autres fois ayant besoin de soins spécialisés urgents, notamment de la chirurgie », explique Allen Murphy, chef de mission de MSF.

En 2023, MSF a orienté 1446 patients vers des structures externes. Cependant, au moins 22% des transferts ont été refusés, soit parce que les services nécessaires n'étaient pas disponibles, soit pour des raisons de sécurité. Aujourd'hui, à cause du manque de financements, il n'y a plus du tout de possibilités d'orientation vers un hôpital en dehors des camps, même pour les cas où le pronostic vital est engagé.

Même avant l'arrêt complet du dispositif d’orientation médicale, on estimait à 1 000 le nombre de patients classés dans la catégorie des « cas non urgents » - mais à risque d’une détérioration, voire dans certains cas de décès, en l’absence de traitement - dans les 11 camps, dont plus de 800 dans le seul camp d'Al-Hol. Ces patients ont besoin de services de santé spécialisés (endocrinologie, neurologie, ORL, chirurgie, ophtalmologie, gastro-entérologie...) indisponibles dans les camps.

Les familles de patients avec lesquelles MSF a pu s’entretenir dressent un constat glaçant :

 « Ma fille lutte contre une insuffisance rénale depuis 2023. Elle est orientée chaque mois vers les hôpitaux de Hassakeh, bien que je ne puisse l'accompagner en raison des restrictions de sécurité. Récemment, j'ai reçu la nouvelle dévastatrice qu'elle ne pouvait plus être envoyée à Hassakeh pour y être soignée, et que dans cinq jours seulement, elle n'aurait plus de médicaments. Être témoin de ses souffrances est plus angoissant que l'horreur que nous endurons dans le camp d'Al-Hol »

« Nous vivons dans le camp d’Al-Hol depuis cinq ans. Il y a deux ans, on a diagnostiqué chez mon fils une maladie qui a bouleversé notre vie : il endure des saignements nasaux et des vomissements incessants - des souffrances qui éclipsent même l'horreur dont nous avons été témoins pendant le conflit et notre séjour dans le camp. Récemment, mon fils a commencé à souffrir de troubles de la vision. Il a fallu plus de six mois pour qu'il soit envoyé à Hassakeh pour une consultation médicale et mon fils a perdu la vue. Il n’a reçu aucun traitement, son hémorragie persiste et chaque jour, il crie à l'agonie...».

Compte tenu des besoins humanitaires croissants dans le nord-est de la Syrie, il est essentiel que les bailleurs publics, en particulier les pays membres de la Coalition internationale contre l’Etat islamique, dirigée par les États-Unis, augmentent le financement des services de santé au lieu de le réduire. Les capacités des établissements médicaux locaux doivent être améliorées. Un financement immédiat est nécessaire pour pallier l’arrêt du système de transfert médical.

« Plus de 40 000 personnes, dont une majorité de femmes et d'enfants, originaires de Syrie, d'Irak et de plus de 50 autres pays, sont toujours détenues au camp d'Al-Hol. Nombre d'entre elles y sont détenues depuis 2019 et certains enfants, qui y sont nés, n'ont jamais connu d'autre vie que celle du camp », ajoute Allen Murphy. En janvier 2024, 93 % des personnes détenues au camp d'Al-Hol étaient des femmes et des enfants, dont 62 % âgées de moins de 18 ans et 43 % de moins de 12 ans.

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