Vue extérieure du centre spécialisé dans la prise en charge des femmes enceintes et des nouveaux-nés à Maiduguri. Nigeria. Octobre 2024.

Vue extérieure du centre spécialisé dans la prise en charge des femmes enceintes et des nouveau-nés à Maiduguri. Nigeria. Octobre 2024.

© Colin Delfosse

Donner naissance et survivre

Au Nigeria, la lutte contre la mortalité maternelle et infantile

À Maiduguri, capitale de l’État de Borno au Nigeria, le centre médical spécialisé de Médecins Sans Frontières (MSF) est l'un des rares établissements à offrir des soins d’urgence vitaux aux femmes enceintes et aux nouveau-nés. Six mois après son ouverture, le nombre de patientes qui y sont admises ne cesse d’augmenter, soulignant son rôle vital. 

Selon les dernières estimations disponibles des Nations unies (2020), quelque 270 000 enfants meurent à la naissance chaque année au Nigeria. En moyenne, un bébé né au Nigeria a 13 fois plus de risques de mourir au cours du premier mois de sa vie qu’un bébé né en Europe ou aux États-Unis. Les risques liés à l’accouchement sont également considérés comme étant extrêmement élevés dans ce pays, où l’on compte 1 047 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes.  

Vue extérieure du centre situé à Maiduguri. 

Vue extérieure du centre situé à Maiduguri. 

© Colin Delfosse
Une patiente âgée de 30 ans, lors d'une consultation précédant une césarienne d'urgence. Elle présentait des douleurs et une forte fièvre lors de son admission.

Une patiente âgée de 30 ans, lors d'une consultation précédant une césarienne d'urgence. Elle présentait des douleurs et une forte fièvre lors de son admission.

© Colin Delfosse
Nigeria: The emergency facility saving mothers and babies every day

Vue extérieure du centre spécialisé.

© Colin Delfosse

Dans l’État de Borno, comme dans une grande partie du nord du Nigeria, de nombreux facteurs contribuent à ces taux de mortalité élevés. Outre l’accès limité aux consultations prénatales et aux services de santé reproductive, les taux élevés de malnutrition et de paludisme aggravent les risques associés à la grossesse.  

Une infirmière dans la section laboratoire du centre spécialisé.

Une infirmière dans la section laboratoire du centre spécialisé.

© Colin Delfosse
Une femme tient l'enfant de sa soeur dans le centre spécialisé. 

Une femme tient l'enfant de sa soeur dans le centre spécialisé. 

© Colin Delfosse

L’accès aux soins de santé spécialisés pour les femmes enceintes et les nouveau-nés y reste très restreint. Même lorsque les femmes parviennent à se rendre dans un établissement de santé, bien souvent, elles rencontrent des difficultés pour payer les lourds frais médicaux. 

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 Des femmes quittent le centre spécialisé après avoir rendu visite à des amis ou des membres de leur famille.

Des femmes quittent le centre spécialisé après avoir rendu visite à des amis ou des membres de leur famille. 

© Colin Delfosse

Dans ce contexte, Médecins Sans Frontières a décidé de lancer un programme de santé sexuelle et reproductive dans le Borno en 2022, d’une part en aidant les maternités à fournir des soins obstétricaux de qualité, d’autre part en construisant un centre d’urgence spécialisé pour les complications obstétricales et néonatales telles que la prééclampsie ou l’accouchement prématuré. 

Une sage-femme du centre spécialisé.

Une sage-femme du centre spécialisé.

© Colin Delfosse
Un enfant âgé d'un jour, dans le centre spécialisé. 

Un enfant âgé d'un jour, dans le centre spécialisé. 

© Colin Delfosse
Rhoda Awanyah, superviseure des sages-femmes, tient un nouveau-né dans ses bras.

Rhoda Awanyah, superviseure des sages-femmes, tient un nouveau-né dans ses bras.

© Colin Delfosse

« Nous ne nous occupons que des complications, donc chaque cas est un défi, explique Rhoda Awanyah, superviseure des sages-femmes MSF. Une femme est arrivée avec une hémorragie grave et une anémie. Après l’accouchement, nous n’avons pas pu arrêter le saignement. Le médecin a utilisé toutes les techniques disponibles pour gérer l’hémorragie post-partum et, finalement, le saignement s’est arrêté. La mère est restée en observation pendant des jours. Lorsqu’elle est revenue pour son suivi, elle a déclaré : sans cet établissement, je serais morte et enterrée. » 

Fatmata Ali, une patiente âgée de 20 ans, a reçu une césarienne en urgence après son admission dans le centre.

Fatmata Ali, une patiente âgée de 20 ans, a reçu une césarienne en urgence après son admission dans le centre.

© Colin Delfosse
Une membre des équipes MSF dans un couloir du centre spécialisé.

Une membre des équipes MSF dans un couloir du centre spécialisé.

© Colin Delfosse

Ce centre, qui a accueilli ses premières patientes en juin 2024, est géré par le ministère de la Santé de Borno avec le soutien de MSF. Les équipes de l’association y interviennent pour renforcer les capacités médicales du personnel médical et permettre un niveau de soins de qualité.

Une infirmière se repose dans le couloir de l'unité de soins néonatals.

Une infirmière se repose dans le couloir de l'unité de soins néonatals.

© Colin Delfosse
Un nouveau-né, dans l'unité de soins néonatals.

Un nouveau-né dans l'unité de soins néonatals.

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Des membres des équipes du centre spécialisé lors de leur réunion mensuelle.

Des membres des équipes du centre spécialisé lors de leur réunion mensuelle.

© Colin Delfosse

À Maiduguri, seuls deux hôpitaux publics ont la capacité de prendre en charge les femmes enceintes présentant des complications. « La plupart des complications que nous constatons sont liées à l’anémie, au paludisme ou à la prééclampsie, explique Janada James, sage-femme dans le centre. Par exemple, si une femme enceinte souffre de paludisme, cela affecte le placenta, provoquant des carences nutritionnelles pour le bébé et une anémie, parfois sévère, chez la mère. La gestion de ces cas est complexe et nécessite souvent une transfusion sanguine. »  

Une femme donne le sein à sa nièce. L'enfant est née à 29 semaines et pesait 1,15 kg à la naissance. La mère est décédée le lendemain de l'accouchement.

Une femme donne le sein à sa nièce. L'enfant est née à 29 semaines et pesait 1,15 kg à la naissance. La mère est décédée le lendemain de l'accouchement.

© Colin Delfosse
La même femme porte sa nièce dans un porte-bébé kanougourou. 

La même femme avec sa nièce, dans un porte-bébé kangourou. 

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Au cours de ses six premiers mois d'existence, la structure a connu une augmentation constante des admissions, en particulier pendant et après les inondations massives qui ont touché Maiduguri en septembre et octobre 2024. La plupart des patientes admises sont référées par les 11 structures de soins maternels et obstétriques soutenues par MSF dans la ville.  

« L’État de Borno a l’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés du Nigeria, poursuit Rhoda Awanyah. En juin, nous avons eu 35 admissions. En juillet, ce nombre a doublé. En octobre 2024, nous avons admis plus de 120 patientes. Ces chiffres montrent que nous avons un impact. » 

Une membre des équipes du centre tient un enfant dans ses bras dans l'unité réservé aux enfants prématurés souffrant de jaunisse.

Une membre des équipes du centre tient un enfant dans ses bras dans l'unité réservé aux enfants prématurés souffrant de jaunisse.

© Colin Delfosse
Vue d'un enfant placé sous lampe UV pour une courte période. 

Vue d'un berceau placé sous lampe UV. 

 

© Colin Delfosse
Vue d'un enfant prématuré souffrant de jaunisse et placé sous lampe UV.

Vue d'un enfant prématuré souffrant de jaunisse et placé sous lampe UV.

© Colin Delfosse

« Le travail a duré quatre jours, raconte Fatmata Ali, une patiente âgée de 20 ans. J’ai commencé à la maison pendant 24 heures, puis nous avons décidé d’aller dans un centre de santé dans l’un des camps de déplacés pour les familles touchées par les inondations à Maiduguri. Ils m’ont envoyée dans une autre clinique et, finalement, j’ai été orientée ici. Compte tenu de mon état, l’équipe a procédé à une césarienne pour nous sauver, moi et mon bébé. Ce genre d’intervention coûte cher, et nous avons presque tout perdu dans l’inondation. Heureusement, ici, nous n’avons pas eu à payer. Honnêtement, je ne sais pas si j’aurais survécu sans cet hôpital. » 

Les retards dans la prise en charge des patientes qui présentent des complications restent un défi majeur. De nombreuses femmes continuent d’accoucher à domicile et meurent parfois chez elle avant d’avoir pu recevoir des soins. Les équipes MSF travaillent à renforcer les liens entre les structures de soins maternels et les accoucheuses traditionnelles afin que les femmes enceintes puissent recevoir des soins avant que ces complications ne surviennent. 

Notes