Le photographe nigérian George Osodi s’est rendu dans l’État de Katsina, dans le nord-ouest du Nigeria, pour documenter la crise nutritionnelle qui continue de s’intensifier dans la région. Des images rares d’une zone difficile d’accès, où les équipes de Médecins Sans Frontières interviennent pour prendre en charge les milliers d’enfants souffrant de malnutrition.
Au Nigeria, une grande partie de la population du nord du pays est soumise à une insécurité alimentaire et nutritionnelle chronique. Mais l’escalade des violences, commises par des groupes armés plus connus sous le nom de « bandits », un accès réduit des communautés aux champs et aux moyens de subsistance, associés à une inflation des denrées alimentaires, a entraîné une crise nutritionnelle majeure qui ne cesse de s’aggraver.
Les équipes de MSF se préparent à traiter jusqu'à 100 000 enfants malnutris cette année dans le cadre du seul programme nutritionnel de l’État de Katsina. La période de soudure vient à peine de commencer tandis que le pic de transmission du paludisme reste encore à venir, ce qui pourrait détériorer la situation.
Portraits de Shafaatu Hashimu (gauche) et Sherusi Aminu (droite), accompagnées de leurs filles respectives. Souffrant de malnutrition, les deux enfants ont été prises en charge dans le centre nutritionnel thérapeutique ambulatoire MSF du village de Riko, à la frontière entre le Niger et le Nigeria. État de Katsina, Nigeria, juin 2022.
Nama Dahiru et Ibrahim Sailau (droite) sont tous les deux agents de santé communautaires pour Médecins Sans Frontières. Ils rendent visite aux familles du village de Riko dont les enfants ont été pris en charge au centre nutritionnel thérapeutique ambulatoire de MSF pour s’assurer de leur état de santé. État de Katsina, Nigeria, juin 2022.
Largement ignorée par les acteurs humanitaires internationaux, la situation nutritionnelle dans la région risque de devenir ingérable sans un renforcement immédiat de l’aide. Le plan de réponse humanitaire pour cette année se concentre exclusivement sur le nord-est du Nigeria, ce qui empêche de nombreuses organisations d’obtenir les financements nécessaires pour intervenir dans le nord-ouest.
Les équipes de MSF sont pratiquement les seules à répondre aux besoins nutritionnels et sanitaires des enfants sévèrement malnutris et continuent de se mobiliser dans les États de Katsina, Zamfara, Kebbi, Sokoto et Kano. Entre janvier et juin 2022, elles ont pris en charge dans ces cinq États plus de 50 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë, dont 7 000 ont été hospitalisés.
Des mères et leurs enfants attendent pour une consultation médicale au centre nutritionnel thérapeutique de Riko. État de Katsina, Nigeria, juin 2022.
Nombreuses sont les mères nigérianes de la région à se rendre au Niger voisin, situé à quelques kilomètres de là, pour faire soigner leurs enfants. Côté Niger, MSF est présente dans la région frontalière de Maradi : en 2021, 70% des enfants souffrant de malnutrition admis dans ce programme venaient du Nigeria. État de Katsina, Nigeria, juin 2022.
Une jeune mère et son enfant sont pris en charge au centre nutritionnel de MSF, dans le village de Riko. État de Katsina, Nigeria, juin 2022.
Portrait de Bashira Musa et sa fille. Elle a fui les violences des bandits dans son village natal pour se réfugier dans une école à Jibia.
Dans la région, les assassinats, viols, enlèvements contre rançon et attaques de gangs armés sont monnaie courante et menacent la vie de milliers de personnes. En 2021, 48% des enlèvements recensés au Nigeria se sont déroulés dans l’État de Katsina. État de Katsina, Nigeria, juin 2022.
Dans l’école de Jibia, où plusieurs familles nigérianes ont trouvé refuge après avoir fui les violences, des femmes s’apprêtent à cuisiner. État de Katsina, Nigeria, juin 2022.
Bala Namala (centre) est responsable des familles déplacées qui ont trouvé refuge dans une école de la ville de Jibia, après avoir fui des violences dans leurs villages. État de Katsina, Nigeria, juin 2022.
Portrait d’Umar Abdul, fermier et agriculteur, dans les champs près du village de Riko.
Les attaques répétées de groupes armés, appelés « bandits », empêchent les habitants comme Umar d’accéder à leurs champs et de cultiver leurs terres, ce qui contribue à aggraver la crise nutritionnelle en cours. État de Katsina, Nigeria, juin 2022.
Un bébé souffrant de malnutrition aiguë sévère reçoit des soins au centre intensif nutritionnel thérapeutique de MSF dans la ville de Katsina, ouvert en septembre 2021. Cinq autres centres nutritionnels thérapeutiques ambulatoires ont ouvert en même temps - l’un dans la ville même de Katsina et les quatre autres dans la localité de Jibia, à la frontière avec le Niger. Ces dernières semaines, la capacité d’hospitalisation a dû être augmentée, passant de 100 à 280 lits, pour faire face à l’afflux d’enfants malnutris. Des critères d’admission restreints ont également été mis en place dans certains centres. État de Katsina, Nigeria, juin 2022.
Portrait de Basira Nasiru et son bébé souffrant de malnutrition, pris en charge au centre intensif nutritionnel thérapeutique de MSF dans la ville de Katsina, État de Katsina, Nigeria, juin 2022.
Des mères et leurs enfants attendent pour une consultation médicale au centre nutritionnel thérapeutique ambulatoire de Katsina, État de Katsina, Nigeria, juin 2022.
Mesure de la taille d’un enfant souffrant de malnutrition au centre nutritionnel de MSF à Katsina, État de Katsina, Nigeria, juin 2022.
Fatima Isyaka (droite) place son bébé sur une balance afin de le peser. L’enfant souffre de malnutrition aiguë sévère, il est pris en charge au centre nutritionnel de MSF, État de Katsina, Nigeria, juin 2022.
Des mères et leurs enfants attendent pour une consultation médicale au centre nutritionnel thérapeutique ambulatoire de MSF de Katsina, État de Katsina, Nigeria, juin 2022.