Depuis le 15 avril 2023, le Soudan est plongé dans une guerre civile qui oppose les forces armées soudanaises (FAS) aux forces paramilitaires de soutien rapide (FSR). Ce conflit a causé la mort de milliers de personnes et le déplacement de millions d'autres, provoquant ainsi la plus grande crise de déplacement au monde. La guerre a dévasté les communautés, les bombardements et les frappes aériennes devenant une réalité quotidienne. Khartoum est l'un des épicentres de la violence, avec des combats urbains intenses qui ont duré des mois et qui ont pris au piège les habitants, ou les ont forcés à fuir. Faiz Abubakr, photographe soudanais originaire de Kassala, a documenté l'impact de la guerre sur les Soudanais et Soudanaises déplacés par les combats dans la ville de Gedaref et dans le camp d’Um Rakuba, dans l’est du Soudan.
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Une maison bombardée et détruite à Khartoum. Avril 2023
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À Khartoum, une femme pleure la mort de son fils. Avril 2023
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Un homme debout dans sa maison détruite à Khartoum. Avril 2023
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Un homme regarde un mur frappé par un obus à Khartoum. Avril 2023
© Faiz AbubakrLorsque la guerre a débuté en avril 2023, MSF a suspendu et réorienté un grand nombre de ses activités pour répondre aux besoins urgents et émergents à l’intérieur du pays. Depuis, les équipes MSF ont continué à apporter leur soutien dans 9 des 18 États du Soudan, notamment dans la capitale Khartoum, la région du Darfour et l'État de Gedaref. Elles fournissent des soins de santé générale et spécialisés aux patients dans les structures de santé existantes et dans les camps de déplacés.
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Clinique mobile MSF dans le site de déplacé·e·s de Tadamon, dans l'État de Gedaref. Novembre 2024
© Faiz Abubakr« Tout ce qui m'importait à ce moment-là, c’était mes enfants. »
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Nisreen Mukhtar Ahmed dans le camp de Daman, dans l'Etat de Gedaref, Novembre 2024.
© Faiz Abubakr« Je suis née à Sennar et j'ai vécu à Khartoum. Après le début de la guerre, on m'a tiré dessus et j'ai été déplacée de Khartoum à Sennar, puis à Dinder et enfin à Gedaref, où je suis actuellement installée dans l'école. Je ne sais pas d'où venait cette balle, car il y avait beaucoup de tirs croisés et de nombreuses personnes. Tout ce qui m'importait à ce moment-là, c’était mes enfants. »
« Je dois subvenir aux besoins de ma famille... »
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Abdul Muhaimen Mousa et sa famille, dans le camp de Daman, dans l'Etat de Gederaf, novembre 2024
© Faiz Abubakr« J'ai quitté Khartoum pour la ville d'Al Hosh, dans l'État d'Al Jazirah, où je suis resté quatre mois. C'est là que j'ai été blessé par balle à la main droite, en me rendant au moulin. J'ai déménagé dans une autre ville et j'ai été soigné, Dieu merci. J'ai subi une opération pour réparer les os fracturés, mais je n'avais pas les moyens de payer la deuxième opération pour réparer les nerfs. Je suis forgeron et cela fait sept mois que je ne peux plus travailler à cause de ma blessure, mais je dois subvenir aux besoins de ma famille... »
« J’ai senti comme un feu brûlant dans ma jambe et j'ai vu que je saignais. »
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Najat Elias Salem Bayyah
© Faiz Abubakr
Najat Elias Salem Bayyah dans le camp de Daman, État de Gedaref. Novembre 2024
© Faiz Abubakr« J’ai reçu une balle dans la jambe gauche, alors que je fuyais Sinja par Dinder avec ma mère aveugle et mes enfants. À ce moment précis, j'ai senti que ma jambe était lourde et que je ne pouvais pas la bouger, comme si elle s’était soudainement gelée. Quelques minutes plus tard, j'ai senti comme un feu brûlant à l'intérieur et j'ai vu que ma jambe saignait. Heureusement, une personne m’a prise en voiture. Le lendemain, je me suis rendue à l'hôpital où j'ai été opérée pour retirer la balle. Je n'avais pas d'argent pour payer l'opération, mais ils l'ont quand même faite. Trois jours après notre arrivée à Gedaref, les infirmières de MSF ont nettoyé ma blessure, qui est maintenant cicatrisée. »
« J'étais avec mes quatre filles, mais mon fils avait disparu. »
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Fatima Qasamallah Al Sheikh
© Faiz Abubakr« Alors que les combats se rapprochaient, nous avons quitté Sennar, où nous vivions, pour nous rendre au pont de Dinder. Il était six heures du soir, quand soudain, les forces de soutien rapide sont arrivées et ont tué un homme dans son véhicule. Nous nous sommes enfui·e·s à pied, marchant pendant deux jours dans le désert de Dinder, sans protection. Nous n'avions pas de nourriture. Le lendemain, j'étais avec mes quatre filles, mais mon fils avait disparu. Je ne l'ai retrouvé que sept jours plus tard... Nous avons traversé le pont de Dinder, qui était submergé. L'eau avait tout envahi, si bien que nous avons perdu le peu d’affaires que nous avions. Je ne regrette pas ma maison et mes biens. Je suis seulement affectée par ce qui nous est arrivé, à moi et à mes enfants, qui ne peuvent plus aller à l'école. »
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Ibrahim Mohammed, 73 ans et déplacé de l'État d'Al Jazirah, est un patient de l'unité de traitement du choléra de MSF dans la ville d'Al Gedaref.
© Faiz AbubakrQuand la guerre a éclaté en 2020 dans la région du Tigré, en Éthiopie, plus de 17 000 réfugiés éthiopiens se sont installés de l'autre côté de la frontière, dans le camp d'Um Rakuba. Malou Badliho est arrivée en 2022. Elle vient de donner naissance à son deuxième enfant dans le camp.
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Malou Badliho est arrivée en 2022. Elle vient de donner naissance à son deuxième enfant dans le camp.
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Alors que la situation continue de se détériorer au Soudan, l’assistance humanitaire doit s'intensifier pour répondre aux besoins massifs des Soudanais et mettre fin à leurs souffrances.
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« Une patrie libérée de la guerre et la reconstruction de l'Est du Soudan », inscription peinte sur un mur à l'extérieur de l'école Al Tadamon, dans l'État de Gedaref. Novembre 2024
© Faiz Abubakr