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Nouvelles violences à Bangui : dans le quotidien de l’Hôpital Général

Hôpital général mai 2014
Hôpital général, mai 2014 © Julie DAMOND/MSF

Depuis une semaine, un regain des affrontements entre jeunes chrétiens et jeunes musulmans fait de nouvelles victimes à Bangui, en République centrafricaine. Une partie d’entre-elles sont prises en charge à l’Hôpital Général, où MSF soutient le service de chirurgie d’urgence.

16h00, mercredi 28 mai, Hôpital Général de Bangui. « Ça tire au kilomètre 5. » La nouvelle se répand presqu’immédiatement dans le service des urgences. Quelques minutes après, un blessé arrive transporté sur une moto, encadré par deux de ses amis. Il est blessé à la joue. Puis une deuxième personne parvient à l’entrée, blessée par balle. Il est tout de suite pris en charge par le médecin urgentiste. Trente minutes plus tard, il s’agit d’un troisième homme, projeté par l’explosion d’une grenade. L’effervescence monte, la salle de bloc se prépare, les chirurgiens et anesthésistes se passent le mot.

Depuis la fin février, MSF travaille dans cet hôpital où elle prend en charge les blessés. Il s’agit en fait d’un bâtiment de trois étages, où les salles d’hospitalisation se succèdent, pleines. En ce moment, le taux d’occupation est de près de 90% ; les lits vides sont rares. « Cela faisait plus de vingt ans que l’hôpital ne fonctionnait pas. On a tout repris, du stylo jusqu’au lit du patient, dans toute cette aile du bâtiment », explique Pascal Muhitira, coordinateur du projet MSF à l’hôpital. « On a maintenant 104 lits d’hospitalisation ainsi que 4 lits en soins intensifs. Mais il arrive que cela déborde, et qu’on doive rajouter des lits ». 

Dans certains quartiers, le niveau de violence est toujours extrême. « En février, les victimes de balles représentaient 80% des blessés qu’on recevait. Ensuite, ce pourcentage a baissé et s’est équilibré. On a eu par exemple beaucoup plus d’accidentés de la route, signe que la vie reprenait dans certains quartiers de Bangui. Mais là, depuis quelques jours, de nouveaux affrontements ont éclaté entre jeunes musulmans et jeunes chrétiens, dans les quartiers de PK5 et Boeing. En une seule journée, dimanche, on a reçu 16 blessés et, le lendemain, 4 autres », continue Pascal Muhitira.

Au premier étage, on pousse la porte du bloc opératoire : un chirurgien, un anesthésiste, un infirmier de bloc s’affairent. Un jeune homme de 30 ans est sur la table d’opération, amputé d’une jambe. « C’est un patient qui a eu une plaie par balle, qui saignait au niveau de la cuisse. Comme il habitait en dehors de Bangui, les gens lui ont fait un garrot, qu’il a gardé 7 heures, le temps d’arriver. Pendant tout ce temps, sa jambe n’a pas été vascularisée. On a ouvert  sa cuisse pour parer la plaie et ligaturer la veine qui saignait. Mais dans les suites opératoires, du fait du garrot, sa jambe s’est gangrenée. Il a fallu d’abord amputer la jambe, puis quelques jours après, au niveau de la cuisse », explique Joël Bost, chirurgien MSF.

Le patient suivant s’appelle Casimir. Il a 68 ans et présente de graves brûlures au torse et au visage« C’était le soir du dimanche de la fête des mères, le 25 mai, vers 23h30. J’ai été réveillé par une énorme détonation... Une grenade ! Le temps que je sorte, la maison de mon père était déjà en feu. Il a fallu casser la porte et, quand elle s’est ouverte, il était là, il brûlait, il a juste eu le temps de dire : « chercher votre maman », et il s’est effondré », raconte Jules-Stéphane, son fils. Son père et sa mère sont tous les deux hospitalisés pour de graves brûlures. De leur maison, il ne reste rien. Jules-Stéphane fait défiler sur son téléphone portable les photos d’un tas de pierres noires carbonisées.

Au bloc, Julie Van Hulse, kinésithérapeute MSF, observe attentivement les brûlures du patient.  « Pour les brûlés, la prise en charge en kinésithérapie est très spécifique. Dans le cas de Casimir, il a par exemple de graves brûlures à l’intérieur du bras. Il va donc falloir faire attention à ne pas laisser son bras en flexion, sinon la peau va cicatriser ainsi et il ne pourra plus se servir de son bras ».

17h00, retour dans le service des urgences. Des logisticiens MSF alignent des matelas dans l’entrée de l’hôpital et se préparent à un nouvel afflux de blessés. La nouvelle est confirmée : une attaque vient d’avoir lieu à l’Eglise du quartier de Fatima. Personne ne sait combien de morts et de blessés vont arriver.  Quelques heures plus tard, les équipes MSF ont pris en charge 9 nouveaux blessés, 9 nouvelles victimes civiles des affrontements entre jeunes - chrétiens et musulmans - à Bangui.


Depuis fin février, MSF travaille dans le service de chirurgie d’urgence de l’Hôpital Général. Cette équipe compte 20 expatriés et 250 centrafricains. En Avril, près de 421 actes chirurgicaux ont été réalisés et plus de 150 patients ont été pris en charge pour des blessures liées à la violence (balle, arme blanche, grenade).  Dans le reste du pays, plus de 300 personnels internationaux et 2 000 employés centrafricains travaillent pour MSF, au sein de nos projets situés dans près de 15 villes centrafricaines. Une assistance est également apportée aux réfugiés centrafricains qui ont fui vers le Tchad, le Cameroun et la République démocratique du Congo (RDC).

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