Depuis le début du conflit au
Soudan du Sud, en décembre 2013, nombre de personnes - fuyant la violence et les combats - ont rejoint le camp de Malakal. Suite à l’afflux de 10 000 nouveaux déplacés en avril 2015 et de 16 000 autres en juillet et août derniers, la population du camp a plus que doublé. Nombre d’entre eux venaient de zones où, du fait de l’insécurité, l'accès humanitaire est interrompu depuis plusieurs mois. Conséquence : des milliers de personnes ont dû fuir les conflits et le manque de nourriture. La plupart de ces familles sont arrivées totalement démunies dans le camp de Malakal qui compte désormais près de 48 000 personnes.
MSF gère un hôpital de 50 lits et deux salles d'urgence 24/24 au sein du camp. Depuis juin, le nombre de consultations médicales dispensées, chaque semaine, par les équipes a plus que triplé ; et le nombre d’enfants âgés de moins de cinq ans, les plus vulnérables, reçus a quant à lui été multiplié par cinq. Ces dernières semaines, l'hôpital de MSF a tourné au-delà de ses capacités avec, notamment, des enfants souffrant de pneumonies graves, potentiellement mortelles, de paludisme et/ou autres maladies nécessitant une hospitalisation. Le nombre de patients soignés pour de graves infections des voies respiratoires a lui aussi triplé depuis septembre dernier. A l’amorce de la saison froide, a pneumonie est une réelle préoccupation sanitaire et médicale et MSF craint que cette situation ne s’aggrave si rien n’est fait. «
La dégradation de l’état de santé de nos patients est directement liée au surpeuplement du camp, au manque d’hygiène, et aux conditions de vie déplorables dans lesquelles ils vivent », explique Monica Camacho, responsable des programmes de MSF au Soudan du Sud. «
Il faut immédiatement allouer davantage d'espace à la population et améliorer, de toute urgence, les services de base ainsi que la fourniture de biens de première nécessité ».
En effet, des milliers de nouveaux arrivants s’entassent sous des abris de fortune, dans des parties du camp dépourvues d’accès à l'eau et/ou de systèmes d’assainissement. De nombreuses familles n’ont plus rien, même pas de couvertures. Les enfants jouent dans la boue, cernés par les barbelés et les détritus. 7 000 autres personnes récemment arrivées, des femmes et des enfants pour la plupart, ont été relocalisées vers une zone dite «
d'urgence » où des tentes communautaires, de la taille d’une salle de classe, accueillent - chacune - plus de 50 personnes. Ces familles disposent de moins de 4,5 m² d'espace habitable par personne; bien en deçà des 30 m² requis par les normes humanitaires internationales. Le camp de Malakal, tel qu’il a été conçu à l’origine par l’ONU, ne fait lui-même qu’un demi-kilomètre carré ; pourtant, il accueille aujourd’hui l’équivalent de la population d'une petite ville et l'espace de vie y est à peine supérieur à 10 m² par personne. Dans les zones les plus peuplées, on ne compte qu’une latrine pour 70 personnes et un accès à l’eau bien en dessous de ce qui est exigé par les normes humanitaires.
► Consultez notre dossier détaillé sur l'urgence qui frappe le Soudan du Sud et les pays voisins.