Le Cap / Paris, 12 décembre 2013 - Lors de la conférence ICASA (Conférence internationale sur le sida et les infections sexuellement transmissibles en Afrique) en cours au Cap, en Afrique du Sud, MSF a présenté des éléments qui confirment l'intérêt de la mesure de la charge virale dans le suivi des personnes sous traitement antirétroviral (ARV), et a montré qu'il serait possible de réduire le prix des tests, principal facteur en limitant aujourd'hui l'utilisation.
Idéalement, le niveau de charge virale dans le sang d'une personne sous traitement ARV devrait être « indétectable », ce qui signifie de meilleures conditions de santé pour la personne et un très faible risque de transmission du virus.
Les dernières recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière de VIH préconisent que la charge virale des personnes sous traitement ARV soit mesurée une fois par an, afin de vérifier que leur traitement est efficace, d'identifier les personnes en situation d'échec thérapeutique et celles qui nécessitent un soutien particulier en vue d'une meilleure observance du traitement.
Pour détecter ces situations, la mesure de la charge virale est en effet plus fiable que la numération des CD4, couramment utilisée aujourd'hui.
Une étude menée par MSF au Kenya, au Malawi et au Zimbabwe, et présentée lors de la conférence ICASA, a montré que parmi des patients en situation d'échec thérapeutique présumé sur la base de signes cliniques ou immunologiques (mesure des CD4), seulement 30 % avaient effectivement une charge virale élevée. Cela signifie que si la mesure de la charge virale n'avait pas été utilisée, 70% des personnes aurait sans doute été mises inutilement sous un traitement de deuxième intention, très cher.
« Les tests de charge virale sont de toute évidence les outils à privilégier pour le suivi du traitement, mais ils restent largement inaccessibles dans les pays en développement, notamment à cause de leur coût, explique le Dr Gilles van Cutsem, coordinateur médical de MSF en Afrique du Sud. Les prix doivent baisser pour que l’accès soit élargi dans ces pays ».
Une enquête menée en 2012 par MSF dans 23 pays en développement a montré que, bien que la mesure de la charge virale soit recommandée dans leurs protocoles de prise en charge du VIH, elle n'est réellement accessible que dans quatre d’entre eux.
Le principal obstacle à la diffusion de la mesure de la charge virale réside dans le prix des tests. Aujourd'hui, le prix des réactifs et des consommables représente jusqu'à 75 % du coût du test. Il varie considérablement d'un pays à l'autre, se situant entre 11 et 55 dollars (8 à 40 euros) par test.
Pourtant, le coût estimé de production des réactifs et des consommables est de l'ordre de 1,60 à 4,50 dollars (1,15 à 3,30 euros) pour les trois tests les plus couramment utilisés en Afrique.
De plus, si le PEPFAR et le Fonds mondial, principaux bailleurs de fonds du VIH, cumulaient leurs commandes, ils pourraient utiliser cet important volume d’achat pour négocier des prix plus bas auprès des fournisseurs.
En tenant compte des coûts réels de production, et après négociation sur la base d'un achat groupé, le prix des réactifs et des consommables pourrait être de 7 dollars (5 euros) par test.
« Si nous voulons combler l'écart qui existe entre pays riches et pauvres en matière de suivi du traitement ARV, les prix des tests de charge virale doivent baisser au plus vite, note Sharonann Lynch, en charge du dossier VIH à la Campagne d'Accès aux Médicaments Essentiels de MSF. Les grands bailleurs de fonds comme le PEPFAR et le Fonds Mondial doivent comprendre qu'ils pourraient jouer un rôle important pour faire diminuer ces prix, et pour rendre les tests abordables dans les pays les plus touchés par l'épidémie ».