Les pathologies traumatiques, ou plus généralement, la souffrance
produite par les situations de conflits, représentent aujourd'hui une
composante des missions humanitaires : l'Ex-Yougoslavie, le Congo, la
Sierra Leone, la Palestine, la Tchétchénie, sont, à Médecins Sans
Frontières, des exemples récents. Si l'intervention psychologique
post-conflit se généralise, la prise en charge en période de conflit
reste controversée. Ces situations nous invitent à réfléchir sur la
prise en charge de tout trauma psychique quelque soit la situation.
Consoler, soigner, témoigner, participer à la formation d'intervenants
locaux, sont les objectifs qui sous-tendent la mise en place de tels
programmes.
Ceux-ci existent maintenant depuis plus d'une
douzaine d'années, et l'expérience acquise amène un foisonnement de
questions. Le concept d'Etat de Stress Post-Traumatique, hérité de la
pratique nord-américaine auprès de vétérans du Viêt-Nam est il
pertinent dans d'autres contextes culturels, ou bien se révèle-t-il
ethnocentré ? Comment la culture influence-t-elle le vécu de la
souffrance traumatique, son expression symptomatique, la demande de
soins ou d'aide de ces populations, la faisabilité de programmes de
soins ? Est-il possible d'articuler les programmes de soins et les
programmes psychosociaux et communautaires, souvent présentés comme
antinomiques ? Quelles sont les interventions possibles et souhaitables
en phase immédiate, lors du conflit, au cours de celui-ci ou à plus
long terme ?
A partir de cette expérience, mieux comprendre et mieux soigner le trauma psychique quelque soit sa nature, ici et ailleurs.
Une réflexion plus que jamais nécessaire.