Fin 2020, environ 575 000 migrants étaient en Libye, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). La majorité d’entre eux sont dans le pays pour y travailler, les autres le traversent depuis le Sahara pour rejoindre les côtes et tenter la traversée vers l’Europe.
Officiellement, il existe une dizaine de centres de détentions placés sous l’autorité d’une agence libyenne, la Direction de la Lutte contre les Migrations Illégales (DCIM) : ils abritent entre 2 500 et 3 000 détenus. Plusieurs d’entre eux ont fermé leurs portes en 2020, d’autres ont été ouverts en 2021. Si les conditions varient selon les centres, l’arbitraire d’une détention à durée indéterminée reste constant, et beaucoup de personnes en migration y croupissent pendant des mois, voire des années. En parallèle, un grand nombre de prisons clandestines sont gérées par des réseaux de passeurs et de trafiquants, qui ont parfois recours aux pires sévices pour exiger de leurs captifs le paiement de rançons.
En Libye, les personnes en migration sont exposées à un cycle de violences sans fin, torturées, enfermées arbitrairement, sans savoir quand elles seront à nouveau libres. Certaines s’en échappent, d’autres parviennent à acheter leur libération, beaucoup voient dans les tentatives de traverser la Méditerranée leur seul échappatoire.
Eymeric Laurent-Gascoin était coordinateur de projet pour MSF en Libye. Il a réalisé ce reportage entre décembre 2019 et février 2020 dans le centre de Dar el-Jebel, un établissement géré par la DCIM, situé à trois heures de route de Tripoli, dans une zone montagneuse et reculée, loin de tout.