"Dans le camp du Bafia, les tentes abritent sept personnes maximum,
tous membres de la même famille. L'organisation et la coordination du
camp n'est pas optimale, beaucoup d'ONG, iraniennes et internationales
s'activent, mais sans résultat concret. Une organisation américaine
distribue trois repas chauds par jour, soit environ 17.000 repas chaque
jour, c'est la seule source de nourriture. Pour le moment, MSF est la
seule organisation médicale du camp.
Les
gens ont choisi de s'installer dans les camps pour des raisons de
sécurité et de facilités, mais ils espéraient avoir accès à plus de
ressources, s'attendaient à davantage d'organisation. Aujourd'hui, ils
sont déçus et insatisfaits, la vie communautaire dans un camp étant
très différente de l'idée qu'ils s'en étaient faite. Les familles qui
ont du mal à s'adapter à cette situation sont notre première
préoccupation. Les différences sociales ont disparu et tout le monde se
retrouve au même niveau. Il n'y plus de nom, seul le numéro de la tente
permet d'être identifié. Certaines personnes vivent mal cette situation
et se replient sur elles-mêmes. Seul point positif : le camp peut
accueillir tous les membres d'une même famille. Les membres rescapés
peuvent alors partager leur chagrin et vivre à nouveau ensemble,
peut-être plus proches qu'avant.
Les sans-abri du camp du Bafia
présentent différents états psychologiques, différents niveaux de
détresse selon les personnes. Ceux qui parviennent le mieux à
réorganiser un semblant de vie "normale" sont ceux qui sont issus des
catégories sociales les plus basses. Ces personnes trouvent la vie en
camp plus facile. Elles bénéficient ici de ressources plus importantes
qu'auparavant."