Nouveau programme de traitement des malades du sida par antirétroviraux (ARV)

Médecins Sans Frontières a commencé un programme de traitement des malades du sida par antirétroviraux (ARV) à la Blue House une structure de santé qui accueille des patients vivant dans le bidonville de Matharé à Nairobi.
© Chris de Bode

Médecins Sans Frontières a commencé un programme de traitement des malades du sida par antirétroviraux (ARV) à la Blue House, une structure de santé qui accueille des patients vivant dans le bidonville de Matharé, à Nairobi.

Le traitement par ARV permet aux personnes séropositives de reprendre une vie quasi-normale, de recommencer à travailler, de s'occuper de leurs enfants. Le premier patient de la Blue House a commencé son traitement le 25 avril 2003. Le programme de Matharé est le second programme de MSF au Kenya traitant des patients par ARV. Le premier programme initié en 2001 à Homa Bay, au sud du Kenya, traite aujourd'hui près de 400 patients.

Sida : La promesse des antirétroviraux arrive au Kenya

L'ouverture de ce nouveau programme de traitement coïncide avec la clôture du colloque sur le Sida organisé par MSF à Nairobi les 24 et 25 avril 2003. Cette manifestation a réuni des membres du gouvernement kenyan, des chercheurs, des médecins, l'organisation mondiale de la santé (OMS), diverses ONG médicales, des acteurs privés et des représentants des personnes vivant avec le sida. Différents programmes de prise en charge médicale spécialisée y ont été présentés : une opportunité pour tous les acteurs concernés d'échanger leur expertise et d'élaborer des réponses concrètes à l'urgence de soigner.

On estime à 2,2 millions (13% de la population adulte) le nombre de Kenyans infectés par le virus du sida, et 500 à 700 personnes en meurent chaque jour. A l'heure actuelle, seuls 7 000 patients peuvent aujourd'hui bénéficier d'un traitement par ARV au sein d'un établissement public. Mais cette prise en charge est payante (3 000 shillings kenyans par mois, soit environ 40 euros) et par conséquent réservée à un public privilégié.

Parmi les obstacles qui empêchent aujourd'hui le Kenya de traiter un plus grand nombre de patients figurent la volonté politique insuffisante du gouvernement et le coût des traitements. Certes les médicaments génériques disponibles, dont les moins chers coûtent 209 $ par an, sont jusqu'à cinq fois moins chers que leurs équivalents de marque, qui bénéficient pourtant de programmes de prix différenciés. Mais pour la plupart des malades, ce prix reste inabordable. Autre obstacle à aplanir : la disponibilité des versions génériques des ARV. Car si depuis quelques mois la loi kenyane permet l'importation de ces ARV génériques, il reste encore certaines barrières légales à franchir, notamment leur enregistrement par les autorités pharmaceutiques kenyanes.
Promesses du gouvernement kenyan. Lors de ce colloque, la directrice adjointe du NASCOP (Programme national de surveillance du sida/VIH), le docteur Mary Wangai, a annoncé que le gouvernement s'engageait à traiter par antirétroviraux 20% des malades du sida nécessitant ce type de traitement d'ici 2005, et 50 à 60% d'entre eux d'ici 2008. On estime actuellement à 220 000 le nombre de Kenyans nécessitant un traitement par ARV. Le gouvernement s'engage à mettre plus de 40 000 d'entre eux sous traitement d'ici 2005. Et d'ici la fin de l'année, il promet de mettre en oeuvre des programmes de traitement dans 15 établissements publics sur l'ensemble du Kenya. Néanmoins le gouvernement n'a pas encore présenté une stratégie détaillée pour atteindre ces objectifs.

Pour combattre efficacement le sida et sauver des millions de vies, MSF appelle le gouvernement kenyan à tenir ses promesses et demande aux acteurs concernés, tant privés que publics, de s'engager pour augmenter les possibilités de soins pour tous ces malades en danger de mort faute de traitement.

Notes

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