Les équipes MSF déjà sur place ont étendu leurs activités afin de prendre en charge les personnes qui ont dû abandonner leurs maisons. Approvisionnement en eau potable, mise en place de dispensaires mobiles offrant des soins primaires, distribution de kits médicaux pour les accouchements, installation de centres de traitement ambulatoire de la malnutrition pour les enfants âgés de moins de 5 ans, distribution de biens de première nécessité (savon, jerrycans…) sont autant de composantes à notre réponse d’urgence.
Amina (le prénom a été changé), est maman d’un petit garçon d’un mois admis à l’hôpital MSF de Dera Murad Jamali (DMJ). Quand son fils a été amené à la pouponnière, il n’avait que 10 jours mais ne pesait alors que 2.63 kg et souffrait du tétanos. Elle raconte son histoire :
« Nous n’avons pas d’abri, plus de maison ni de champ. Nous vivons sur le côté de la route. J’ai accouché sous un abri de fortune, près du canal Pat Feeder. Des milliers de familles ayant tout perdu y vivent aussi. Mon mari travaillait dans le champ de notre propriétaire. Au moment de l'inondation, le niveau d'eau lui arrivait à l’épaule et nous avons tout perdu, y compris la nourriture. Le propriétaire du champ est venu de Karachi afin de s’assurer que l’eau soit évacuée de sa propriété, puis il est reparti. Mais nous n’avons plus rien pour reconstruire et on ne nous a rien donné. Nous espérons encore pouvoir être aidés. Quand mon fils est tombé malade, j’ai mis mes boucles d’oreilles en gage, car nous n’avions plus rien pour payer les médecins. Mais, quand nous sommes arrivés ici, à l’hôpital MSF, on nous a dit que les soins y étaient gratuits. Du coup, j’ai pu utiliser cet argent pour acheter de la nourriture pour ma famille. Mais cela fait un mois maintenant que j’ai vendu mes boucles d’oreilles et nous n’avons à nouveau plus rien à manger.
Quelques jours après sa naissance, mon bébé a commencé à avoir des convulsions et de la fièvre. Nous sommes allés dans une clinique privée. Ils nous ont dit qu’ils ne pouvaient pas nous aider mais nous ont conseillé de l’emmener à l’hôpital MSF. Nous y sommes depuis 25 jours maintenant. Avant, il ne buvait plus de lait, il ne pouvait même plus pleurer. Je me demandais s’il allait survivre. Au début, nous n'avons pas vu son état de santé changer immédiatement. Mais maintenant, il ouvre les yeux. Les infirmières m’ont expliqué qu’il pouvait être soigné et recommencer doucement à manger. Mon fils va mieux. Désormais, nous devons être patients et nous attendons que le personnel médical nous dise quand notre bébé sera prêt à rentrer. Je suis soulagée et heureuse. Quand je pourrai le ramener, nous célébrerons ça en donnant de la nourriture à tous les plus pauvres et malchanceux que nous. Nous n’avons peut être rien, mais au moins nous avons notre fils ! Nous avons eu de la chance de pouvoir bénéficier de soins médicaux. C’est ce qui a sauvé notre enfant. Je ne lui ai toujours pas donné de nom car je n’étais pas sûre qu’il survive. J’aime le prénom Yaseen, peut être que ce sera le sien ? ».
Depuis 1986, MSF est présente au Pakistan auprès des populations locales et des réfugiés afghans victimes d’affrontements armés, du manque d’accès aux soins et de catastrophes naturelles. Les équipes MSF mènent actuellement des programmes médicaux d’urgence gratuits dans l’Agence de Kurram, dans les provinces du Khyber Pakhtunkhwa (KPK), du Balochistan et du Sindh. Pour le financement de ses programmes au Pakistan, MSF n’accepte que des dons privés et refuse tout fonds institutionnel, gouvernemental ou militaire.