La semaine dernière, MSF a organisé l'évacuation, par avion, de trois personnes ayant survécu à l'attaque d'un village près de Bangadi, à 100 km au nord-ouest de Dungu. On ignore encore aujourd'hui le nombre de villageois tués au cours de cet épisode.
Ces patients, deux hommes et une femme, âgés d'une soixantaine d'années, présentaient de sévères blessures, dont deux fractures ouvertes et une fracture fermée aux jambes, nécessitant des fixations externes. Nous les avons emmenés à l'hôpital général de Dungu où les attendait une équipe médicale. Une fois les premiers soins prodigués, l'équipe a pu recueillir le témoignage d'un des deux hommes :
« Nous habitons un village à 4 km de Bangadi, ma femme, notre fille âgée de 5 ans et mon frère aîné. Au début du mois d'août notre chef nous a tous fait quitter le village pour Bangadi. Un groupe armé se trouvait très près du village et le chef ne pouvait pas assurer notre sécurité.
Malheureusement, après plusieurs jours à Bangadi, nous nous sommes retrouvés sans rien à manger, c'était trop difficile. Alors, le 12 août, notre famille a décidé de retourner au village pour récupérer des vivres qui nous permettraient de survivre à Bangadi.
Quand nous y sommes arrivés, nous avons été surpris par un groupe de cinq hommes armés qui avaient avec eux trois personnes qu'ils retenaient de force, dont une femme qui nous a fait la traduction. Ils nous ont attachés les mains dans le dos et nous ont emmenés dans la brousse.
Le lendemain, ils ont d'abord emmené notre petite fille au village car ils voulaient récupérer un poulet et de l'arachide. Ils sont revenus sans elle, seuls ses liens étaient encore dans leurs mains. Elle était morte.
Puis ils nous ont dit qu'ils ne nous tueraient pas mais que nous allions retourner au village avec eux. Là, ils prendraient tous les vivres et allaient nous frapper. C'est ce qu'ils ont fait : ils nous ont frappés sur les jambes, les genoux, puis se sont enfuis dans la brousse, nous laissant à même le sol. Nous avons passés la nuit comme cela, sur le sol.
Lundi matin, j'ai décidé qu'il fallait faire quelque chose et je suis parti en rampant en direction du prochain village, Yamba, 2 km plus loin. J'ai réussi. Du village, des gens sont allés chercher de l'aide à Bangadi. Ma femme et moi avons été ramenés en vélo, avec beaucoup de douleurs. Mon frère, lui, a fait le trajet dans un filet car il ne pouvait pas tenir sur le vélo. »
A Dungu, MSF y fournit des soins médicaux et chirurgicaux dans deux centres de santé. Nos équipes apportent également des soins psychiques et des soins aux victimes de violences sexuelles.