Dans son rapport ‘Facing Up To Reality : Health crisis deepens as violence escalates in Southern Sudan', MSF demande aux autorités gouvernementales, aux bailleurs de fonds internationaux et aux organisations de secours de reconnaître l'étendue de cette crise et de prendre en compte les besoins des populations, dont les plus vitaux nécessite des secours urgents.
« Des vagues de violence surviennent, affectant les populations et les entraînant d'une catastrophe à une autre. Mais leurs besoins ne trouvent pas de réponse », déclare Stephan Goetghebeur, Directeur des Opérations pour le Soudan. « Il est crucial d'apporter des secours en adéquation à l'urgence de la situation sans quoi les structures de santé continueront de ne pas pouvoir fournir de médicaments et de recevoir des personnes blessées par balle plusieurs jours après, sans compter les nombreuses personnes qui n'auront aucun accès aux soins. »
Au cours de la dernière année, MSF a constaté une détérioration inquiétante de la situation sécuritaire au Sud du Soudan, avec d'un côté les attaques perpétrées par la LRA, armée de résistance ougandaise, dans les états de l'Equatoria, et d'un autre côté les différents affrontements inter-communautaires dans les états de Haut Nil, du Jonglei, des Lacs et du Central Equatoria.
Les violents affrontements dans les Etats du Haut Nil et du Jonglei, pendant lesquels MSF est intervenu, diffèrent des traditionnels heurts à propos de vols de bétail. Des villages ont été attaqués, dans lesquels la majorité des victimes étaient des femmes et des enfants. Lors de ces affrontements, le nombre de morts était trois fois supérieur à celui des blessés, et 87% des patients pris en charge par MSF étaient blessés par balle. Dans ces deux Etats du Sud Soudan, MSF a réalisé 1426 interventions chirurgicales dans les dix premiers mois de 2009 contre 1271 sur toute l'année 2008 dans six différents Etats.
« L'intensité de la violence de cette année a de sévères conséquences », constate Shelagh Woods, Chef de mission adjointe de MSF. « On a pris en charge des femmes blessées qui avaient perdu l'ensemble de leur famille, des enfants dont les jambes avaient été brisées par les balles, des personnes qui avaient dû fuir sans pouvoir enterrer leurs proches. Les populations vivent dans l'angoisse de futures attaques. »
Près 250 000 personnes ont ainsi été déplacées, vivant dans des conditions de vie précaires, davantage exposées aux maladies ou à la malnutrition. Au cours des dix premiers mois de 2009, MSF a traité plus de 11 100 patients sévèrement malnutris contre environ 6100 durant l'année 2008.
L'augmentation de la violence vient s'ajouter à une situation médicale déjà catastrophique au sud du Soudan, où près de 75% de la population n'a pas accès aux soins de santé les plus élémentaires, et où les épidémies menacent régulièrement de prendre des vies. MSF a traité en six semaines plus de 175 personnes malades de Kala Azar, une maladie parasitaire mortelle lorsqu'elle n'est pas prise en charge, contre 127 cas recensés pour toute l'année 2008.
En dépit de cette situation, les bailleurs de fonds internationaux continuent de privilégier une aide au développement de long terme, qui apparaît de plus en plus disproportionnée au regard de celle consacrée à la satisfaction des besoins humanitaires immédiats.
« La sonnette d'alarme mérite d'être tirée. Seul un petit nombre d'organisations sont capables d'apporter un secours satisfaisant dans les temps. L'aide au développement de long terme n'est pas suffisante au Sud Soudan. La préparation aux situations d'urgence et l'action humanitaire doivent être priorisées » conclut Stephan Goetghebeur.
MSF travaille au Soudan depuis 1979, et gère en ce moment des projets au Sud du Soudan, dans le Kordofan, dans l'Etat de la Mer rouge et au Darfour. MSF est une organisation neutre et indépendante qui porte secours aux populations sur la base de leurs besoins médicaux, sans aucune discrimination de race, religion, philosophique ou politique.