Tuberculose chez les enfants : Histoire d’un oubli

Enfants dans la clinique VIH/sida et tuberculose du bidonville de Mathare  Nairobi Kenya mars 2009.
Enfants dans la clinique VIH/sida et tuberculose du bidonville de Mathare - Nairobi, Kenya, mars 2009. © Susan Sandars/MSF

En dépit de son caractère épidémique et du problème de santé publique mondiale qu'elle pose, la tuberculose demeure une maladie négligée. Les jeunes enfants, pour qui les méthodes diagnostiques et les traitements sont inadaptées, figurent parmi les premières victimes de cette amnésie internationale. Un problème sur lequel MSF tente encore une fois d'alerter les principaux acteurs de santé publique.
Retour vers le dossier spécial "Journée mondiale de lutte contre la tuberculose"

En dépit de son caractère épidémique et du problème de santé publique mondiale qu'elle pose, la tuberculose demeure une maladie négligée. Les jeunes enfants, pour qui les méthodes diagnostiques et les traitements sont inadaptées, figurent parmi les premières victimes de cette amnésie internationale. Un problème sur lequel MSF tente encore une fois d'alerter les principaux acteurs de santé publique.

Retour vers le dossier spécial "Journée mondiale de lutte contre la tuberculose"

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que près d'un million d'enfants seraient  chaque année atteint de tuberculose. Ce chiffre, déjà exorbitant, est sans doute en deçà de la réalité. En effet, chez les jeunes enfants, la tuberculose demeure très difficile à diagnostiquer.

Il existe à cela plusieurs raisons. Premièrement, les symptômes observés chez les enfants sont les mêmes que ceux d'autres maladies comme le sida, la malnutrition, le paludisme ou d'autres infections. Il peut s'agir de perte de poids ou d'appétit, de fièvre, de toux, dont les manifestations peuvent s'étaler sur plusieurs semaines. En conséquence, le personnel médical ne peut pas établir de diagnostic sur la base d'une simple observation des symptômes.

Deuxièmement, le test standard pour diagnostiquer la tuberculose chez les adultes n'est pas adapté aux enfants. Cette méthode consiste essentiellement à pouvoir récolter un échantillon de crachat pulmonaire, très difficile à recueillir chez les enfants puisque la majorité d'entre eux ne sont pas capables d'expectorer correctement. Les autres procédés existants pour récolter des échantillons dans les poumons ou l'estomac d'un enfant sont souvent traumatisants et requièrent un personnel soignant très expérimenté et des structures médicales de qualité, conditions préalables souvent inexistantes dans de nombreux pays.

Les enfants demeurent ainsi exclus de la plupart des recherches réalisées sur la tuberculose. MSF travaille avec un groupe d'experts internationaux pour tenter de surmonter ces barrières et intégrer les besoins spécifiques des enfants dans la recherche médicale. Cette négligence s'explique principalement par le fait l'OMS a mis l'accent sur le diagnostic et le traitement des cas les plus contagieux pour limiter la propagation de la maladie, favorisant ainsi la santé globale des populations. Cette approche a pour revers le manque d'effort et d'investissement réalisés dans la prise en charge des personnes non-infectieuses, comme les enfants. En effet, les enfants sont moins contagieux que les adultes. Puisqu'il y a moins de bacilles tuberculeux dans leurs poumons, ils disséminent moins la maladie en toussant. Des changements commencent finalement à s'opérer, mais le rythme doit s'accélérer. Pour les enfants, il faut développer un test diagnostique qui ne marche pas sur la base d'échantillons pulmonaires, et qui puisse rapidement donner des résultats.

Une autre difficulté demeure dans le fait de mener à terme un traitement long et lourd. Ces enfants doivent prendre entre trois et neuf pilules chaque jour pendant six mois minimum avant de pouvoir être guéri. Certains d'entre eux doivent recevoir des injections quotidiennes pendant deux mois. Ce traitement classique peut être extrêmement difficile à suivre pour les enfants et leurs familles, et beaucoup interrompent avant d'être guéris. De nouveaux médicaments plus efficaces et mieux adaptés aux enfants sont plus que jamais nécessaires.

Les enfants porteurs du virus du sida, dont le système immunitaire est affaibli, courent encore plus de risques d'attraper la tuberculose et d'en mourir. Lorsqu'une deuxième maladie vient s'ajouter à une première, la complexité de prise en charge est encore plus importante, surtout chez les enfants.

Le manque de nouvelles méthodes diagnostiques et de médicaments adaptés montrent à quel point des approches innovantes doivent être développées afin de prodiguer les meilleurs soins possibles au plus grand nombre d'enfants, qui meurent parfois avant même d'avoir pu être diagnostiqués.

 

 

Notes

    À lire aussi