Tuberculose : quand l'OMS s'engage sur la recherche

Lors d'un colloque organisé en janvier dernier à New York par MSF, Francis Varaine, coordinateur de notre groupe de travail sur la tuberculose, s'est entretenu avec Mario Raviglione, directeur du département « Halte à la tuberculose » de l'Organisation mondiale de la Santé.
MSF a souvent interpellé l'OMS sur les défaillances de sa stratégie de lutte contre la tuberculose, critiquant un discours trop optimiste au regard d'une situation catastrophique. Cette discussion entre experts était donc l'occasion de faire le point sur ces divergences, mais aussi de prendre acte des évolutions de l'OMS et de ses engagements, notamment en matière de recherche.

Des constats et résultats discutés

Alors que Mario Raviglione (OMS) souligne le progrès réalisés dans la lutte contre la tuberculose ces dernières années, Francis Varaine (MSF) s'inquiète du manque de fiabilité des résultats disponibles. De fait, certains pays ont tendance à aligner leurs chiffres sur les objectifs de l'OMS, et c'est quand MSF y intervient que les résultats commencent à se dégrader, simplement parce que le recueil des données s'améliore. Francis Varaine met en garde contre les dangers d'un discours triomphaliste, qui freinerait une mobilisation indispensable.

Les limites de la stratégie DOTS

La lutte contre la tuberculose dans le monde se base sur la stratégie DOTS de l'OMS, dont MSF a dénoncé les limites à de nombreuses reprises. Francis Varaine (MSF) reconnaît cependant les évolutions positives apportées à cette stratégie, dont Mario Raviglione (OMS) rappelle les six objectifs principaux.

L'utilisation de médicaments en phase de développement

Depuis une dizaine d'années, malgré la stratégie DOTS, l'épidémie de tuberculose s'aggrave. La pandémie de sida y a fortement contribué, avec 13 millions de patients co-infectés par les deux maladies. L'autre inquiétude porte sur l'accroissement du nombre de malades atteints par des variantes de la tuberculose résistantes à un ou plusieurs des médicaments habituellement prescrits, et donc bien plus difficiles à soigner.
Pour prendre en charge ces malades co-infectés ou résistants, Francis Varaine et Mario Raviglione évoquent l'usage compassionnel des médicaments en cours de développement, c'est-à-dire leur utilisation quand la vie du patient est en jeu et qu'aucune autre thérapeutique n'est possible. Francis Varaine appelle l'OMS à jouer un rôle leader sur cette question. Mario Raviglione se dit d'accord, mais précise que le département de l'OMS qui s'occupe de la recherche et des contacts avec l'industrie n'est pas sous sa responsabilité.

Un volontarisme affiché sur la recherche

Depuis quelques années, rappelle Mario Raviglione (OMS), plusieurs partenariats publics-privés de recherche ont vu le jour pour mettre au point de nouveaux tests diagnostiques, médicaments et vaccins contre la tuberculose. A plusieurs reprises, MSF a appelé à une accélération des efforts de recherche, et Francis Varaine demande à l'OMS de fixer une direction et de définir des priorités avec les partenaires. Mario Raviglione propose une grande coalition d'institutions de recherche fondamentale et appliquée et demande le soutien de MSF.

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