Depuis le début de la guerre en Libye, plus d'un million de civils ont fui le pays ; la plupart ont franchi les frontières pour rejoindre la Tunisie, l'Égypte, l'Algérie, le Tchad, le Niger, le Soudan. D'autres ont fui par bateau pour rejoindre Malte ou l'Italie. Indépendamment de leur nationalité et des raisons de leur présence en Libye, ces personnes cherchent à fuir la guerre. Elles fuient les combats et la violence, parfois des exactions ciblées. Ils fuient pour leur survie, laissant tout derrière eux. Hommes, femmes, enfants, vieillards, ils fuient là où ils peuvent, comme toutes les victimes de guerres, à la recherche d'un lieu sûr. Parmi ces réfugiés, il n'y a pas que des Libyens. Il y a aussi des Nigérians, des Soudanais, des Somaliens, des Érythréens ou des Bangladais... soit plus de 26 nationalités au total. Ces personnes - que les agences internationales désignent sous le nom de « ressortissants de pays tiers » - avaient déjà
fui la guerre, la violence ou la pauvreté dans leur pays d'origine dans l'espoir de survivre. Beaucoup étaient déjà dans une situation de précarité extrême lorsqu'ils sont arrivés en Libye.
C'est là un aspect très spécifique et pourtant souvent méconnu du conflit libyen. Cette guerre n'affecte pas seulement les ressortissants libyens mais 2,5 millions de migrants qui travaillent, vivent ou transitent par ce pays. En effet, en raison de sa politique d'ouverture des frontières, la Libye a pendant longtemps attiré des émigrés du monde arabe, d'Afrique subsaharienne et de bien d'autres pays en développement. Au cours de ces dix dernières années, la Libye est devenue un partenaire majeur de la lutte contre l'immigration clandestine en Europe et son gouvernement a adopté une politique d'immigration beaucoup plus restrictive.