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Kenya : le rapatriement des réfugiés de Dadaab ne doit pas se faire au détriment de l’assistance

Réfugiés somaliens dans le camp de Dadaab au Kenya. Lynsey Addario/VII
Réfugiés somaliens dans le camp de Dadaab, au Kenya. © Lynsey Addario/VII © Lynsey Addario/VII

Selon une enquête de MSF, dans les camps de Dadaab au Kenya, quatre réfugiés sur cinq ne veulent pas retourner en Somalie en raison de l’insécurité actuelle.

L’accord sur le rapatriement volontaire des réfugiés somaliens vivant au Kenya sera une mesure positive s’il ne se fait pas au détriment de l’aide fournie aux réfugiés, recommande aujourd’hui l’organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières.

L’accord signé le 10 novembre par les Nations Unies, le Kenya et la Somalie, précise les procédures judiciaires et les modalités pratiques d’un retour volontaire de centaines de milliers de réfugiés vers la Somalie. Beaucoup d’entre eux sont nés dans les camps de réfugiés du Kenya ou y vivent depuis des années, parfois depuis plus de 22 ans. Selon MSF, bien que la réintégration des réfugiés en Somalie puisse faire partie d’une solution durable, leur garantir une assistance doit être une priorité pour tous les acteurs.

« Personne ne choisit d’être réfugié. La plupart se battent pour accéder à ce que le gouvernement ou les agences de l’aide offrent, affirme le docteur Jean-Clément Cabrol, Directeur des opérations de MSF. La décision de rentrer doit être volontaire et prise en toute conscience. Elle ne doit pas être contrainte par une réduction de l’aide. »

Selon MSF, l’application pratique de l’accord tripartite soulève un certain nombre d’inquiétudes. « Le rapatriement volontaire implique que les personnes soient parfaitement informées de la situation en Somalie », explique le Dr Cabrol. Or, les 22 ans d’activités de MSF en Somalie permettent de penser qu’étant donné le haut niveau d’insécurité qui règne dans de nombreuses régions du pays, et le grand nombre de personnes toujours déplacées à l’intérieur des frontières, les conditions de sécurité ne sont pas garanties pour le retour des réfugiés.

« La sécurité et la dignité doivent êtres assurées pour tous ceux qui rentrent, poursuit le Dr Cabrol. Le gouvernement somalien et ses partenaires doivent garantir que les personnes qui rentrent auront des droits et qu’ils recevront une assistance. D’autre part, l’aide doit être maintenue dans les camps de réfugiés kenyans pour ceux qui ont choisi de ne pas rentrer en Somalie. »  

Une enquête menée par MSF auprès des patients pris en charge dans la structure médicale du camp de Dagahaley à Dadaab en août 2013 a révélé que quatre personnes sur cinq ne souhaitent pas retourner en Somalie, au vu de la situation actuelle. Ils refusent de partir, en dépit des conditions de vie difficiles dans les camps. Près de la moitié des personnes sondées à Dagahaley disent qu’elles n’ont pas les moyens de garder leur maison au sec pendant la saison des pluies ; une sur dix affirme ne pas avoir accès aux latrines ; et une personne sur quatre reconnait ne pas se sentir en sécurité. « Ces réponses révèlent à quel point l’assistance est insuffisante », observe le Dr Cabrol.

Les politiques de réduction de financements des donateurs ont des effets directs sur les refugiés de Dadaab. Par exemple, des réductions budgétaires ont conduit à des coupes de 20% des rations alimentaires, laissant les refugiés avec un apport calorique journalier inférieur au minimum recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé.

« Il est essentiel de maintenir le niveau d’aide fournie aux réfugiés vivant au Kenya, ajoute le Dr Cabrol. Diminuer l’assistance dans les camps pourrait être perçu comme une pression exercée sur les réfugiés pour qu’ils rentrent en Somalie, ce qui serait inadmissible. »

L’avenir des réfugiés de Dadaab est en discussion depuis des dizaines d’années, et il n’existe pas de solutions simples. Cependant, des alternatives existent comme persuader la communauté internationale d’accueillir davantage de réfugiés à l’étranger, relocaliser les réfugiés vers des zones plus sûres dans des camps de taille plus gérable et développer des opportunités pour que les réfugiés puissent devenir plus autonomes.

« Les réfugiés de Dadaab sont des personnes vulnérables qui ont déjà beaucoup souffert, explique Jean-Clément Cabrol. Leur sécurité, leur santé et leur dignité doivent être garanties quel que soit l’endroit où ils vivent. »


MSF travaille à Dadaab depuis 20 ans. C’est actuellement le seul fournisseur des soins médicaux dans le camp Dagahaley. Chaque mois, les équipes de MSF dispensent plus de 9 000 consultations médicales et hospitalisent 600 personnes, réfugiés ou résidents.

Notes

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