« De nombreuses personnes détenues ont survécu à des expériences profondément traumatisantes », explique Georgina Brown, responsable MSF en Lituanie. « Mais, au lieu de répondre à leurs besoins, les autorités lituaniennes aggravent leur souffrance mentale en les détenant et en les maintenant dans l’incertitude ».
Depuis janvier 2022, MSF fournit un soutien en santé mentale aux personnes détenues en Lituanie et a fourni des soins de santé primaires jusqu’au mois de mai. Parmi les patients soignés par MSF entre janvier et mars 2022, plus de 70% ont souligné que la détention était la cause principale de leur recours à une aide psychologique.
MSF a constaté que certaines nationalités sont nettement plus susceptibles de voir leur détention prolongée, de rester détenues après l'expiration de leur ordre de détention, ou de voir leur liberté de mouvement limitée voire révoquée. Par exemple, les Nigérians représentent 16% des 184 personnes détenues au centre de Kybartai en août 2022, et près de 28% de ceux dont la détention a été prolongée ; les Indiens constituent quant à eux 6% de la population du centre mais plus de 15% des extensions de détention. A contrario, les demandeurs d'asile russes et biélorusses récemment arrivés dans le centre n'ont pas été placés en détention, et tous bénéficient d'une liberté de mouvement, bien que limitée.
Selon les équipes MSF, cette tendance se confirme dans d'autres centres en Lituanie, y compris dans des endroits où il est presque impossible de recueillir des données précises. Les équipes reçoivent de nombreux témoignages de centres indiquant que certaines nationalités, notamment les Nigérians et les Congolais, sont plus susceptibles que d'autres de faire l'objet de pratiques discriminatoires.
MSF demande qu'il soit mis fin immédiatement à la détention prolongée des personnes migrantes en Lituanie, et que soit mis en place un système d'asile équitable qui respecte la dignité, la santé et les droits humains des hommes, femmes et enfants qui cherchent la sécurité en Lituanie.