Ce n'est
pas une catastrophe naturelle, cette grave crise alimentaire était
prévisible et prévue de longue date. Malgré cela, les secours tardent
toujours. Il est encore temps d'agir. " Il y a des milliers de
morts évitables cet été, au Niger et ailleurs dans le Sahel. Il existe
aujourd'hui des produits nutritionnels, faciles d'emploi pour les
enfants, qui permettent de sauver des vies en quelques semaines de
traitement. ", a déclaré Jean-Hervé Bradol, président de Médecins Sans Frontières, lors d'une conférence de presse le 28 juin.
Trois mesures exceptionnelles doivent être prises de toute urgence :
· La distribution gratuite de nourriture, dont une partie adaptée aux besoins des enfants
· L'accès aux soins gratuits des moins de cinq ans
· La mobilisation de toute urgence d'autres organismes d'action d'urgence
A ce jour, MSF a admis dans ses programmes de prise en charge de la malnutrition sévère plus de 9000 enfants depuis janvier dans les provinces de Maradi
et de Tahoua. Le rythme des admissions augmente toujours ; en juin,
plus de 1000 enfants sont admis chaque semaine dans les programmes MSF
de Maradi, Dakoro, Keita et Tahoua. Nous savons que jusqu'en octobre,
avec le manque de nourriture avant les récoltes et la recrudescence des
maladies durant la saison des pluies, des milliers d'enfants
basculeront à leur tour dans la malnutrition sévère s'ils ne sont pas accès à l'aide alimentaire et aux soins médicaux gratuits.
Le
dispositif de sécurité alimentaire, co-géré par le gouvernement et les
bailleurs de fonds, s'est engagé, dans les textes, à porter assistance
à la population par des distributions gratuites de vivres en cas
d'urgence alimentaire. La gravité de cette crise était reconnue en
octobre, mais, en juin, l'aide alimentaire est toujours très
insuffisante en volume et payante, inaccessible à toute une partie de
la population.
Les mesures prises ne sont absolument pas à la
hauteur des besoins. Alors que début juin le Premier Ministre nigérien
s'était engagé à mettre en oeuvre l'accès aux soins gratuits des
enfants malnutris, sur le terrain cette mesure n'est pas effective.
Fin
juin, une distribution gratuite de vivres, pour plus de 1,6 millions de
femmes et d'enfants, a débuté avec l'aide alimentaire fournie par des
Etats arabes. Cette action ne peut être efficace que si des bailleurs
de fonds la renforce par plusieurs milliers de tonnes de nourriture.
Jusqu'ici, les réticences des bailleurs de fonds et du gouvernement
concernant les distributions gratuites de nourriture bloquent la mise
en place de secours adaptés.
"Il y a un déni d'urgence et si rien n'est fait avant novembre, chacun devra prendre ses responsabilités", a affirmé Emmanuel Drouhin, responsable des programmes MSF au Niger.
MSF
prévoit de prendre en charge cette année plus de 20 000 enfants
sévèrement malnutris, soit le double de l'année dernière. C'est une de
nos plus grosses opérations nutritionnelle de ces trente dernières
années. Mais MSF seul ne peut pas faire face à cette urgence. Seule une
intervention plus rapide et plus massive du gouvernement nigérien, des
bailleurs de fonds et des autres ONG peut encore limiter la
catastrophe. Il ne reste que quelques semaines pour sauver des milliers
de vies au Niger.