Si les récentes offensives menées par la Coalition et le gouvernement afghan contre divers groupes d'opposition à Marjah et à Nad Al, dans la province d'Helmand, ont suscité l'intérêt des médias, le reste de la province souffre aussi des conséquences de ce conflit.
En effet, le million d'habitants que compte Lashkargah vit - depuis des années maintenant - dans la pauvreté, sans accès aux soins médicaux. F. est originaire du district de Nawa-I-Barakzayi, voisin de Larshkargah : « Je suis arrivée ce matin à l'hôpital de Boost avec mon bébé. J'ai trois enfants et c'est la plus jeune. Elle est malade. Elle a cinq mois, elle a faim et je n'ai tout simplement plus rien à lui donner. » Cette maman restera encore quelques jours à Boost, le temps que son bébé soit pris en charge.
Instaurer la gratuité des soins. Les hôpitaux publics ne sont plus opérationnels et les cliniques privées pratiquent souvent des honoraires prohibitifs. La population ne peut donc pratiquement plus bénéficier de soins de santé.
L'hôpital de Boost est aujourd'hui l'un des deux hôpitaux publics de référence encore opérationnels dans le sud de l'Afghanistan. À première vue, cette structure semblait être en bon état et le personnel médical être à pied d'œuvre. « Mais, lorsque nous avons examiné la situation dans les services, nous avons constaté que l'hôpital ne fonctionnait pas correctement », explique Volker Lankow, coordinateur du projet MSF.
Ainsi, le coût des traitements empêchait les malades de venir se faire soigner. MSF a donc mis des traitements gratuits à disposition des patients et initié une prise en charge médicale, globale et, elle aussi, gratuite, au sein des services de maternité, de pédiatrie, de chirurgie et d'urgences de l'hôpital.
Désormais, l'une de nos priorités sera d'améliorer les protocoles thérapeutiques. Une mesure urgente pour accroître l'efficacité de notre intervention. Un chirurgien, un anesthésiste, un médecin, une sage femme et un infirmier expatriés travaillent aujourd'hui avec le personnel de Boost.
« Un de nos objectifs est de réorganiser l'hôpital de façon à ce qu'il soit opérationnel 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Nous devons garantir une présence médicale permanente, ainsi que des services gratuits et parfaitement opérationnels » résume Volker
L'insécurité, un autre obstacle à l'accès aux soins. L'une de nos priorités a aussi été d'assurer la sécurité aux alentours du site et sur l'hôpital lui même. « Les habitants de la région n'osent pas se rendre dans les structures de santé envahies t'hommes armés. Tout patient a le droit d'être soigné et de passer sa convalescence dans un endroit sûr. Nous avons une politique de tolérance zéro vis-à-vis des armes et mettons tout en œuvre pour que la sécurité soit respectée dans les structures où nous travaillons », explique Volker.
Mais les dernières offensives armées, à Marjah et Nad Ali, vont compliquer la situation. Nous craignons qu'un nombre important de patients - des blessés de guerre mais aussi d'autres malades ayant besoin de soins en urgence - ne puissent avoir accès à des structures de santé sécurisées comme l'hôpital de Boost » constate Volker.
Aujourd'hui, MSF demande à toutes les parties prenantes au conflit d'autoriser les patients à avoir accès aux soins médicaux dont ils ont besoin, ainsi qu'aux infrastructures médicales encore opérationnelles dans la zone.
MSF n'accepte aucun financement de la part des gouvernements pour ses projets menés en Afghanistan. Nos activités sont financées exclusivement grâce à des dons privés.