Une mission en Syrie

Un hôpital syrien ravagé par le feu.
Un hôpital syrien ravagé par le feu. © MSF

Fin mars, une équipe MSF franchit la frontière turque pour tenter d’apporter une aide médicale en Syrie, dans la région d’Idlib. Ils sont deux, un chirurgien et un anesthésiste. Pour évaluer les besoins, ils essayent aussi de voir comment sont pris en charge les blessés.

Premier constat, le personnel médical est terrorisé. Et ce à tel point que les soignants n’acceptent de pratiquer que des premiers soins d’extrême urgence. Pour des fractures, ils posent simplement des attelles de fortune. En cas d’hémorragie, ils se limitent à des pansements compressifs, même lorsqu’ils disposent de plateaux techniques qui permettraient de dispenser des soins plus appropriés et complets.

« Ils nous ont dit que le risque est trop grand, raconte le chirurgien MSF. Un collègue syrien m’a dit : "Etre pris avec un patient, c’est pire que d’être pris avec une arme. C’est la mort pour le patient, et pour moi-même". »

Autre constat, les hôpitaux et les structures de soins en général sont ciblées par les forces de sécurité syriennes. Dans une petite ville où s’est rendue l’équipe,  un centre de santé qui faisait office d’hôpital clandestin avait été brûlé par l’armée. Il n’y avait plus aucun endroit pour soigner des blessés. Un autre centre de santé qui était en bon état disposait seulement d’une salle de consultation.

Dans une autre localité, l’équipe trouve un vrai hôpital qui fonctionne. Cet hôpital dispose d’une équipe, de matériel et d’une salle d’opération assez bien équipée. « Nous avons opéré tant qu’on a pu. Puis on a dû partir en moins de dix minutes quand on nous a prévenus que l’armée arrivait, qu’elle lançait une attaque sur la ville. Par la suite, on a entendu dire que l’hôpital avait subi de gros dommages et qu’il n’est pas prêt de fonctionner de nouveau. »

Et la peur est toujours là. Ailleurs, toujours dans la région d’Idlib dans le nord de la Syrie, l’équipe est accueillie dans un hôpital public où la salle d’opération est fermée. Le personnel refuse de faire de la chirurgie, de peur des représailles. Il ne fait donc que les premiers soins qui prennent dix à vingt minutes. « Si les chars arrivent, je peux être prévenu à temps, nous a expliqué le médecin chef. Je peux faire partir les patients et effacer toutes les traces. »  Car la famille reste auprès du patient, prête à le remmener aussitôt.

Et si le patient est dans un état grave ? L’équipe MSF a posé la question. La réponse du médecin syrien a été un geste d’impuissance. Et il a ajouté que, malgré tout, quelques patients parvenaient à aller en Turquie.

Notes

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