Abiba a 35 ans. Elle vit enfermée, enclavée, avec un peu plus de 500 autres personnes, toutes musulmanes, dans l’enceinte de l’église « Saint Martyr de l’Ouganda » à Carnot, ville située à l’ouest de la République Centrafricaine (RCA).
Tous les jeudis, un dispensaire mobile MSF se rend sur place pour offrir des consultations médicales aux déplacés et transférer les cas le nécessitant vers l'hôpital de la ville.
Doudou, 25 ans, fait partie de la communauté Peuhle. Elle tient dans ses bras une petite fille âgée de deux mois à peine, née à même le sol de l'église.
A 28 ans, Aoudou est orphelin : "Au début, on pensait tous qu’on ne resterait là que quelques jours, quelques semaines au plus ; cela fait plus d’un an maintenant".
A compter de février 2014, les Anti–Balakas, milices populaires d’auto défense, ont commencé à persécuter les musulmans centrafricains associés, malgré eux, aux membres de l’ex-coalition rebelle et ennemie de la Séléka, ceux qui - avant eux - s’étaient déjà rendus coupables d’exactions et de violences. Nombre de musulmans ont alors fui vers des pays tiers, comme le Tchad ou le Cameroun ; ceux qui sont restés en RCA ont été regroupés sur des sites comme celui de l'église de Carnot.
Quelques couvertures, habits, nattes jonchent le sol de l’église : les enclavés de Carnot n’ont plus grand-chose. Leurs vies dévastées, la fuite, le refuge dans cette enceinte... Pour Abiba, Doudou et Aoudou, c’est comme si ça c’était passé hier.
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