VIH au Kenya : travailler en partenariat, documenter les avancées

Une étude permettra de développer les activités de prévention de la transmission de la mère à l’enfant.
Une étude permettra de développer les activités de prévention de la transmission de la mère à l’enfant. © MSF

Dans l’ouest du Kenya, un projet pilote mené conjointement par MSF et le ministère de la Santé local vise à ralentir la progression de l’épidémie de VIH. Deux études de prévalence et d’incidence de la maladie, réalisées au début et à la fin du projet, permettront d’en évaluer les résultats. William Hennequin, chef de mission de MSF au Kenya, revient sur les premiers succès du projet et sur les défis qui restent à relever.

Quelle est la principale difficulté rencontrée par les équipes ?

Il s’agit d’un projet pilote, pour le Kenya comme pour MSF. C’est un projet complexe, car la volonté de s’attaquer au problème du VIH/Sida de façon complète implique plusieurs activités différentes et toutes essentielles. Nous avons six à neuf mois de retard par rapport à nos plans initiaux.

Les équipes MSF se trouvent parfois dans une situation compliquée : elles constatent que la qualité des soins est faible et que l’améliorer prend beaucoup de temps. Mais nous devons tout de même discuter et négocier les avancées, sans imposer notre vision des choses. C’est la condition pour que nos collègues et partenaires kenyans s’emparent du projet.

Quelles seront les prochaines phases du projet ?

Nous allons continuer à développer les activités en cours : diagnostiquer le plus grand nombre de personnes séropositives possible (par exemple par le dépistage à domicile) et leur fournir un traitement ainsi qu’une prise en charge de qualité (donner les moyens aux centres de santé de prendre en charge les patients de façon simplifiée et décentralisée). Nous allons aussi continuer de nous occuper des cas compliqués, comme les échecs de traitement, y compris dans les hôpitaux.

Les équipes vont également explorer de nouvelles pistes pour améliorer l’accès aux soins des hommes – comme les approches basées sur l’inclusion de la famille dans les soins, le dépistage et le soutien au traitement en couple. Ceci devrait nous permettre de pouvoir dépister davantage d’adultes et d’enfants. Nous réfléchissons également à l’utilisation de la prophylaxie pré-exposition – soit l’utilisation préventive d’un antirétroviral – chez les groupes les plus à risque de contracter le VIH.

A l’hôpital, après avoir amélioré l’environnement de travail (embauche de personnel supplémentaire, création de stocks-tampons de médicaments, réaménagement des services), nous allons développer des stratégies médicales plus claires, afin de ramener la mortalité en dessous de 10% d’ici 2017.

En janvier 2016, nous allons lancer une étude dans 20 structures de santé à Ndhiwa, qui évaluera la prévalence du VIH chez les enfants âgés de 6 semaines à 6 mois, ainsi que la qualité de la prise en charge pour ce groupe d’âge spécifique. L’étude nous aidera à améliorer les stratégies de dépistage pour les femmes enceintes et allaitantes. Cela nous permettra également de développer les activités de prévention de la transmission de la mère à l’enfant (PTME) et de détecter plus rapidement, grâce a de nouveaux tests plus simples et adaptés aux contextes ruraux, les nouveau-nés séropositifs de Ndhiwa.

Enfin, en 2017, une nouvelle étude va mesurer le taux de prévalence et le taux de progression de l’épidémie. Ceci va nous permettre de mesurer l’impact de notre projet pilote. Nous souhaitons créer un modèle qui puisse être pérennisé et reproduit ailleurs, le cas échéant. Les résultats obtenus à Ndhiwa serviraient alors à guider des activités dans d’autres counties kenyans où le VIH sévit, voire à faire peut être évoluer les politiques nationales en la matière. C’est ce que nous espérons ».

Depuis le début du projet pilote de Ndhiwa, les équipes MSF ont contribué au diagnostic de 5 000 personnes séropositives parmi les 240 000 habitants que compte le sub-county de Ndhiwa. Chaque mois, elles ont également apporté un soutien à près de 300 patients dans les hôpitaux de Ndhiwa et Homa Bay. A l’heure actuelle, MSF soutient le ministère de la santé dans la délivrance d’un traitement aux quelques 14 000 personnes séropositives vivant à Ndhiwa.

Entretien en trois parties (partie 3)

Partie 1 : VIH : A Ndhiwa, « nous devons pallier des manques de base »
► Partie 2 : VIH : au Kenya, prévenir, dépister, soigner

 

Notes

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