Au cours de ces dix dernières années, l’Union Européenne (UE) a durci ses contrôles aux frontières et externalise de plus en plus sa politique migratoire ; d’un pays de transit pour les migrants qui se déplacent vers l’Europe, le Maroc est devenu entre-temps un pays de transit et de destination par défaut.
L’expérience de MSF démontre que plus le séjour des migrants subsahariens se prolonge au Maroc et plus leur vulnérabilité augmente. Cette vulnérabilité préexistante, associée à des facteurs tels que l’âge et le genre, et les traumatismes subis durant le processus migratoire, s’accumule lorsqu’ils se retrouvent bloqués au Maroc et sujets à des politiques et des pratiques d’exclusion, de discrimination et de négligence.
Les données de MSF démontrent que les conditions de vie précaires auxquelles sont contraints la majorité des migrants subsahariens et la violence criminelle et institutionnelle généralisée à laquelle ils sont exposés sont encore à ce jour les principaux facteurs qui déterminent leurs besoins médicaux et psychologiques.
A maintes reprises, les équipes de MSF ont signalé et dénoncé cette situation, mais la violence est une réalité quotidienne encore aujourd’hui pour la majorité des migrants subsahariens se trouvant au Maroc.
En réalité, comme en témoigne ce rapport, à partir du mois de décembre 2011 une recrudescence importante des abus a été constatée ainsi qu’une forte violence et des comportements à caractère dégradant envers les migrants subsahariens exercés par les forces de sécurité marocaines et espagnoles. Ce rapport souligne également la violence généralisée commise par les bandes criminelles, y compris par les délinquants et les réseaux de traite et de trafic d’êtres humains.
Il donne un aperçu du degré alarmant des violences sexuelles auxquelles sont exposés les migrants durant tout le processus migratoire, et demande de réserver aux personnes affectées une meilleure assistance et une plus solide protection.
Ces niveaux inacceptables de violence ne devraient pas éclipser ce qui a été réalisé quant à la reconnaissance et au respect du droit des migrants subsahariens à la santé au cours de ces dix dernières années. Malgré les grands progrès qui ont été réalisés, les défis sont encore nombreux, notamment en ce qui concerne la santé secondaire non urgente, la prise en charge des personnes ayant des problèmes de santé mentale et la protection et l’aide aux survivants de violences sexuelles.
Un plus grand investissement et la réforme du système de santé doivent également être mis en œuvre. L’impact des progrès déjà obtenus à ce jour et toute future réforme seront néanmoins limités, à moins qu’une action concrète ne soit mise en œuvre pour résoudre le paradoxe des politiques européennes et marocaines qui, d'un coté, ont une approche de la migration se faisant à travers un prisme de sécurité et qui criminalisent, marginalisent et discriminent les migrants subsahariens au Maroc et, de l'autre coté, protègent et défendent leurs droits humains fondamentaux.
Pour plus d’informations consultez le mini-site consacré à cette problématique
www.bloquesaumaroc.org