En décembre, nous avons commencé à mener des évaluations dans les campements où se sont installées les familles déplacées le long de la route qui relie Mansehra à Balakot. Initialement, il s'agissait de repérer les patients ayant besoin d'un suivi médical voire d'une intervention chirurgicale, afin de les transférer vers notre structure hospitalière à Mansehra. Très vite, nous avons constaté que l'inquiétude principale des gens portait sur leurs conditions de vie. Beaucoup étaient installés sous des tentes de mauvaise qualité, sans bâche pour se protéger de la pluie et du froid. Nous avons donc décidé d'organiser des distributions de biens de première nécessité (bâches, couvertures, tentes de rechange, etc.) et de systèmes de chauffage, principal besoin exprimé par les familles à l'approche de l'hiver.
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Remise de coupons pour les distributions
Mansoor (à gauche sur la photo) est originaire d'Abbottabad. Dès le lendemain du séisme, avant d'être embauché par MSF, il s'est organisé avec un groupe d'amis pour réunir du matériel et l'acheminer dans des villages de montagne.
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Dans les premières semaines, une aide matérielle timide
Nous avons choisi de concentrer notre effort sur l'axe Mansehra-Balakot pour plusieurs raisons. C'est là que sont installées 15.000 des 22.000 familles déplacées du district de Mansehra. Après le séisme, elles ont bénéficié d'une forte attention médicale (premiers soins, chirurgie...) de la part des autorités locales et de diverses organisations de secours. Mais leurs conditions de vie n'étaient pas, dans les premières semaines, une préoccupation majeure. Même MSF s'est montrée assez timide en termes d'aide matérielle à ces déplacés. Le long de la route, l'armée et le HCR (Haut commissariat aux réfugiés) ont mis en place et administrent 37 camps d'assez grande taille (plus de 50 familles). Mais les gens préfèrent s'installer à moins nombreux, même si l'assistance est moins régulière. Du coup, 70% des 200.000 personnes déplacées sur cet axe Mansehra-Balakot sont réparties dans près de 200 petits « camps champignons ».
Sur l'axe Mansehra-Battagram, la situation est différente. Là, peu d'ONG étaient présentes dans la phase d'urgence aiguë et l'armée a fait pression sur les familles pour qu'elles rejoignent des camps officiels. Parmi les 147 camps le long de cette route, 110 sont administrés par l'armée ou le HCR, avec une forte implication des agences onusiennes d'aide.
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Opération logistique
"A partir du 15 décembre, plus de 40 camions acheminaient le matériel vers les camps chaque jour. En quelques semaines, nous avons ainsi protégé 5.000 tentes avec de la bâche, changé 800 tentes de mauvaise qualité et fourni des couvertures de bonne qualité."
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40 camions par jour
Nos activités de distributions ont débuté le 13 décembre, avec l'arrivé des premiers camions remplis de matériel envoyé d'Islamabad par André, responsable du fret. Nangy, un logisticien afghan, est arrivé pour superviser les huit équipes logistiques formées. Olivier, un autre logisticien, est venu de France le 21 décembre pour lui donner un coup de main.
A partir du 15 décembre, plus de 40 camions acheminaient le matériel vers les camps chaque jour. En quelques semaines, nous avons ainsi pu protéger 5.000 tentes avec de la bâche, échanger 800 tentes de mauvaise qualité pour des nouvelles et fournir des couvertures de bonne qualité. Ces distributions sont désormais terminées.
Les distributions de systèmes de chauffage et de kérosène doivent se poursuivre jusqu'au 26 janvier. C'est peut-être ça le plus utile pour les familles. Nous avons donné 12.000 chauffages avec 40 litres de réserve de kérosène, acheminés par camion citerne. Les gens sont ravis. Ils s'en servent six à sept heures par jours, les 40 litres de kérosène devant ainsi durer un mois. Certains les utilisent aussi pour faire la cuisine. Le HCR, par le biais d'organisations partenaires (l'ONG française Acted et l'ONG locale BEST), s'est engagé à distribuer de nouvelles réserves de carburant en février et mars. Désormais, dans la zone où nous sommes intervenus, je pense que les familles ont suffisamment de tentes adaptées aux conditions climatiques et de capacité de chauffage pour traverser la deuxième phase d'urgence, celle de l'hiver. Aujourd'hui, nous travaillons pour améliorer l'approvisionnement en eau et les infrastructures sanitaires dans vingt camps, et encourageons des partenaires et le gouvernement à faire de même.
Des familles déplacées prêtes à affronter l'hiver
Sur l'axe Mansehra-Battagram, d'autres organisations ont commencé à réaliser des distributions similaires aux nôtres. Et le Programme alimentaire mondial se mobilise pour distribuer de la nourriture dans tout le district.
Malgré le froid, malgré la pluie qui tombe fort sur Mansehra aujourd'hui et la neige qui recouvre Balakot, les familles déplacées sont désormais prêtes à affronter l'hiver. Elles attendent la fin du mois de mars pour rentrer dans leurs villages et reconstruire leurs maisons avec l'aide financière du gouvernement. Pour reprendre le cours de leur vie. Tout ça est très encourageant et me rend fier de travailler pour MSF.
Mansoor Ali
Assistant chef de mission
Médecins Sans Frontières Pakistan