Le 31 décembre, cinq jours après le tsunami, une première équipe MSF
composée de deux psychologues indonésiens est arrivée à Banda Aceh pour
évaluer le traumatisme causé par la catastrophe au sein de la
population. Le 5 janvier, une équipe de six psychologues - deux
expatriés et quatre Indonésiens - était sur le terrain. A ce jour,
l'équipe a assuré plus de 100 consultations individuelles ainsi que des
sessions de thérapie de groupe pour environ 70 personnes victimes du
tsunami.
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A Aceh, victimes du tsunami
Beaucoup de victimes du tsunami présentent des symptômes comme des maux
de tête, des insomnies, des problèmes gastriques ou encore des
angoisses, troubles post-traumatiques souvent d'origine
psychosomatique. © Francesco Zizola
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Maux de tête, insomnies, troubles gastriques, angoisses...
Les membres de l'équipe de santé mentale de MSF se déplacent avec les
cliniques médicales mobiles qui travaillent à des endroits multiples -
Banda Aceh, Lamno, Meulaboh et Sigli. Quand les gens arrivent avec des
symptômes comme des maux de tête, des insomnies, des problèmes
gastriques, des angoisses et d'autres troubles possiblement
psychosomatiques, ils sont reçus par le personnel médical puis
redirigés vers un psychologue qui procède à des consultations
individuelles. Une petite tente près de la clinique ou un auvent
accrochée à l'arrière d'un véhicule de MSF permettent d'assurer un
minimum de confidentialité. Dans beaucoup de cas, les personnes
viennent juste parler de ce qu'elles ont vécu. Il est important
qu'elles parlent à quelqu'un qui n'a pas été touché par la catastrophe
et qui est là pour les écouter.
Expliquer le tsunami
"Le premier problème auquel nous avons dû faire face était le manque
d'information. Seules quelques personnes savaient ce qu'est un tsunami
et quelles en sont les conséquences", raconte Laetitia de Schoutheete,
psychologue de MSF. "De nombreuses personnes donnent un sens à cet
événement en l'interprétant comme une punition divine. Quand elles
comprennent qu'il s'agit d'un phénomène naturel et qu'elles peuvent
prendre des mesures pour se protéger contre celui-ci, cela les aide
vraiment à vaincre leur anxiété."
MSF
distribue des brochures rédigées en indonésien et dans la langue locale
d'Aceh pour expliquer ce qu'est un tsunami et quel genre de réactions
les gens peuvent avoir après en avoir été victimes. Maladies
psychosomatiques, changements de comportement, perturbations
émotionnelles ou encore stress aigu sont des réactions normales après
un événement extraordinaire et imprévisible.
"Dans les premières
72 heures après une catastrophe, les gens sont en état de choc, ensuite
commence une phase de stress aigu. Les gens ont besoin de reprendre le
contrôle de leurs vies aussi vite que possible et de se débarrasser
d'une sensation d'impuissance. Quand elles ont été capables de
survivre, de trouver un travail, de gagner de l'argent, de satisfaire
leurs besoins essentiels et de revenir à la vie, ces personnes
commencent à réaliser vraiment ce qu'il leur est arrivé", explique
Laetitia de Schoutheete. "Dans un premier temps, les gens ne sont même
pas capables de pleurer et consacrent toute leur énergie à trouver un
moyen de survivre. Ceci leur évite pour le moment d'exprimer toute
l'ampleur de leur tristesse et de leur malheur."
Permettre aux personnes de s'exprimer
L'approche des psychologues de MSF est de proposer une thérapie brève,
basée sur les solutions. La première étape consiste à aider les
personnes à faire le lien entre leur stress et les symptômes physiques
qu'ils ressentent, en leur permettant de s'ouvrir et de parler. Lors de
la seconde étape, ils sont invités à trouver leurs propres solutions
pour se sentir mieux. Pendant les consultations, les patients
apprennent également à se relaxer grâce à des techniques respiratoires
et de relaxation.
"Nous
demandons à nos patients si, au cours des trois dernières semaines, ils
ont traversé des moments où ils se sentaient un peu mieux", explique
Faye, psychologue de MSF. "C'est important qu'ils commencent à utiliser
de petits moments positifs qu'ils ont vécus comme une ressource dans
laquelle ils peuvent puiser quand ils en ont besoin. Et, pour nous, il
est également essentiel d'écouter l'expression de leur émotion ou de
leur tristesse."
Des « maisons de l'écoute »
Dans les prochaines semaines, quatre équipes de MSF, constituées
chacune de trois psychologues - un expatrié et deux Indonésiens -,
commenceront à travailler dans des lieux plus fixes à Meulaboh, Sigli,
Lamno, et Banda Aceh, tout en coopérant avec les infrastructures de
santé locales. Des "maisons de l'écoute", où les victimes du tsunami
peuvent venir se reposer et se confier, de manière formelle ou
informelle, seront également mises en place et MSF travaillera avec les
communautés à chaque endroit afin de leur offrir une aide psychologique
et d'atteindre les personnes les plus vulnérables.