A l'écoute des traumatismes liés au tsunami

La catastrophe du 26 décembre provoque chez beaucoup de victimes des
troubles post-traumatiques. Pour permettre aux patients de s'exprimer
et les aider à trouver leurs propres solutions pour se sentir mieux,
des équipes MSF de psychologues indonésiens et expatriés assurent des
consultations et vont mettre en place des "maisons de l'écoute".

Le 31 décembre, cinq jours après le tsunami, une première équipe MSF composée de deux psychologues indonésiens est arrivée à Banda Aceh pour évaluer le traumatisme causé par la catastrophe au sein de la population. Le 5 janvier, une équipe de six psychologues - deux expatriés et quatre Indonésiens - était sur le terrain. A ce jour, l'équipe a assuré plus de 100 consultations individuelles ainsi que des sessions de thérapie de groupe pour environ 70 personnes victimes du tsunami.
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A Aceh, victimes du tsunami
Beaucoup de victimes du tsunami présentent des symptômes comme des maux de tête, des insomnies, des problèmes gastriques ou encore des angoisses, troubles post-traumatiques souvent d'origine psychosomatique.
© Francesco Zizola

Maux de tête, insomnies, troubles gastriques, angoisses...
Les membres de l'équipe de santé mentale de MSF se déplacent avec les cliniques médicales mobiles qui travaillent à des endroits multiples - Banda Aceh, Lamno, Meulaboh et Sigli. Quand les gens arrivent avec des symptômes comme des maux de tête, des insomnies, des problèmes gastriques, des angoisses et d'autres troubles possiblement psychosomatiques, ils sont reçus par le personnel médical puis redirigés vers un psychologue qui procède à des consultations individuelles. Une petite tente près de la clinique ou un auvent accrochée à l'arrière d'un véhicule de MSF permettent d'assurer un minimum de confidentialité. Dans beaucoup de cas, les personnes viennent juste parler de ce qu'elles ont vécu. Il est important qu'elles parlent à quelqu'un qui n'a pas été touché par la catastrophe et qui est là pour les écouter.

Expliquer le tsunami
"Le premier problème auquel nous avons dû faire face était le manque d'information. Seules quelques personnes savaient ce qu'est un tsunami et quelles en sont les conséquences", raconte Laetitia de Schoutheete, psychologue de MSF. "De nombreuses personnes donnent un sens à cet événement en l'interprétant comme une punition divine. Quand elles comprennent qu'il s'agit d'un phénomène naturel et qu'elles peuvent prendre des mesures pour se protéger contre celui-ci, cela les aide vraiment à vaincre leur anxiété."

MSF distribue des brochures rédigées en indonésien et dans la langue locale d'Aceh pour expliquer ce qu'est un tsunami et quel genre de réactions les gens peuvent avoir après en avoir été victimes. Maladies psychosomatiques, changements de comportement, perturbations émotionnelles ou encore stress aigu sont des réactions normales après un événement extraordinaire et imprévisible.

"Dans les premières 72 heures après une catastrophe, les gens sont en état de choc, ensuite commence une phase de stress aigu. Les gens ont besoin de reprendre le contrôle de leurs vies aussi vite que possible et de se débarrasser d'une sensation d'impuissance. Quand elles ont été capables de survivre, de trouver un travail, de gagner de l'argent, de satisfaire leurs besoins essentiels et de revenir à la vie, ces personnes commencent à réaliser vraiment ce qu'il leur est arrivé", explique Laetitia de Schoutheete. "Dans un premier temps, les gens ne sont même pas capables de pleurer et consacrent toute leur énergie à trouver un moyen de survivre. Ceci leur évite pour le moment d'exprimer toute l'ampleur de leur tristesse et de leur malheur."

Permettre aux personnes de s'exprimer
L'approche des psychologues de MSF est de proposer une thérapie brève, basée sur les solutions. La première étape consiste à aider les personnes à faire le lien entre leur stress et les symptômes physiques qu'ils ressentent, en leur permettant de s'ouvrir et de parler. Lors de la seconde étape, ils sont invités à trouver leurs propres solutions pour se sentir mieux. Pendant les consultations, les patients apprennent également à se relaxer grâce à des techniques respiratoires et de relaxation.

"Nous demandons à nos patients si, au cours des trois dernières semaines, ils ont traversé des moments où ils se sentaient un peu mieux", explique Faye, psychologue de MSF. "C'est important qu'ils commencent à utiliser de petits moments positifs qu'ils ont vécus comme une ressource dans laquelle ils peuvent puiser quand ils en ont besoin. Et, pour nous, il est également essentiel d'écouter l'expression de leur émotion ou de leur tristesse."

Des « maisons de l'écoute »
Dans les prochaines semaines, quatre équipes de MSF, constituées chacune de trois psychologues - un expatrié et deux Indonésiens -, commenceront à travailler dans des lieux plus fixes à Meulaboh, Sigli, Lamno, et Banda Aceh, tout en coopérant avec les infrastructures de santé locales. Des "maisons de l'écoute", où les victimes du tsunami peuvent venir se reposer et se confier, de manière formelle ou informelle, seront également mises en place et MSF travaillera avec les communautés à chaque endroit afin de leur offrir une aide psychologique et d'atteindre les personnes les plus vulnérables.

Notes

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