Depuis le 7 février, plusieurs zones du sud du Niger ont été la cible de violentes attaques menées par Boko Haram. Le gouvernement nigérien a décidé de risposter en lançant une offensive contre le groupe islamiste. De nombreux habitants de la région de Bosso, situé dans le sud-est du Niger, ont fui vers l’intérieur du pays, vers Garoua, Kabalewa, Toumour et Yebi.
Depuis décembre dernier, MSF mène des activités médicales pour les réfugiés arrivés au Niger après avoir fui la violence au Nigeria. Nous avons ainsi répondu à une épidémie de choléra à Diffa et Chatimari (mise en place de sites de traitement, formation du personnel des centres de santé aux techniques de chloration de l’eau dans les points de réhydratation et désinfection des maisons). En collaboration avec le ministère de la Santé nigérien, MSF a pris en charge plus de 300 patients. Un support aux centres de santé de Ngarwa et Gueskerou a également été initié, ainsi que des distributions de biens de première nécessité pour les réfugiés nouvellement arrivés dans la région de Diffa.
Des réfugiés nous ont raconté leur parcours, comme Binta Kaou Elh Ma, 45 ans. Elle a fui le Nigeria avec ses 7 enfants et s'est réfugiée dans la ville frontalière de Diffa, au Niger. « Mes enfants et moi avons fui Maiduguri pour échapper aux attaques de Boko Haram, explique Binta. Pendant tout le trajet, nous étions effrayés. Mais maintenant je me sens mieux et nous avons été bien accueillis. »
A 82 ans, Kaka Mamoudou Fantami et toute sa famille, sa femme et ses 13 enfants, ont dû eux-aussi fuir le Nigeria et la violence de Boko Haram. Une partie de sa famille se trouve dans la ville de Bosso, au Niger, située sur la frontière, non loin du lac Tchad, à environ 90 km de Diffa. « Deux de mes enfants et moi sommes venus à Diffa. On a fait le voyage à pied. Les gens ici nous ont très bien accueillis. Je suis soulagée de pouvoir recevoir des soins gratuits parce que nous n'aurions pas pu payer. Nous avons tout laissé derrière nous au Nigeria. »
Ya Inna Baba, son mari et ses 3 enfants, sont venus à pied du Nigeria à Diffa. Ils n’ont plus de famille au Nigeria : « Nous avons tout quitté. Ça n’a pas été facile d’arriver jusqu’ici. On a marché pendant des heures pour éviter la route principale et prendre d’autres chemins, moins fréquentés. Ici, ça va, c’est plus calme. C’est très important pour nous, surtout pour nos enfants, de pouvoir voir un médecin et d’avoir des médicaments gratuits ; nous n’avons plus rien. »
Mais, le 8 février au matin, une bombe explosait au marché central de Diffa, tuant une personne et blessant plusieurs autres. Selon les équipes MSF, certaines familles des quartiers sud ont alors commencé à quitter leurs maisons pour se diriger vers le nord de la ville. Dans le même temps, d’autres personnes ont fui Diffa pour rejoindre les localités de Gouré, Guidimouni et Zinder.
Ces nouvelles attaques sur Diffa, ainsi que l’insécurité croissante, ont obligé MSF à retirer temporairement ses équipes de la zone où, depuis décembre dernier, nous venons en aide aux réfugiés en provenance du Nigeria. « Nous souhaitons pouvoir retourner sur place le plus rapidement possible, comprendre où les populations se sont déplacées et quelles sont leurs conditions de vie, afin de fournir l’assistance dont elles ont besoin », poursuit Mohamed Morchid.
La situation humanitaire de ces populations déplacées et réfugiées est extrêmement inquiétante. Au Nigeria comme au Niger, la violence a généré de très importants mouvements de population. Environ 150 000 personnes, principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées, ont été forcées de fuir le Nigeria. MSF s’inquiète pour ces populations, encore plus isolées suite aux récentes attaques sur le territoire nigérien.
Nos équipes médicales de Diffa ont été momentanément disséminées sur d’autres zones du Niger, jusqu’à ce qu’une évaluation de la sécurité puisse être menée sur Diffa et que la délivrance de services médicaux aux réfugiés et aux déplacés puisse reprendre.