La majorité des patients blessés admis dans le centre de traumatologie provenaient du district de Chardara, à environ 20km de la ville de Kunduz, en proie à des combats depuis le samedi 20 juin. La plupart des patients souffraient de blessures dues à des explosions ou à des coups de feu, et les chirurgiens de MSF ont traité de graves blessures abdominales, aux membres et à la tête. Les combats à Kunduz ont diminué depuis mercredi, mais la situation reste tendue.
« Les civils ont été pris dans des combats intenses pendant quatre jour et des bombardements ont touché les maisons, explique Heman Nagarathnam, responsable des programmes de MSF dans le nord de l’Afghanistan. Lundi, trois femmes et trois enfants d’un village du district de Chardara ont été admis dans le centre de traumatologie de MSF, blessés dans le bombardement de leur maison pendant la nuit ».
Accéder à Kunduz est de plus en plus compliqué
On assiste depuis l’année dernière à une augmentation significative des combats dans la province de Kunduz. L’afflux de blessés de cette semaine suit une autre vague de violences au mois de mai, au cours de laquelle MSF avait pris en charge 204 blessés de guerre en trois semaines.
L’insécurité continue rend par ailleurs l’accès à la ville de Kunduz extrêmement compliqué depuis le district de Chardara, principalement la nuit quand le risque d’être pris dans des tirs croisés, de marcher sur une mine ou d’être coincé aux multiples check-points est élevé.
« Notre équipe peut soigner les patients qui parviennent jusqu’à notre centre, mais nous sommes très inquiets pour les gens qui ne parviennent pas en ville à temps, explique Heman Nagarathnma. Le centre de MSF est le seul dans tout le nord-est de l’Afghanistan à pouvoir prendre en charge des urgences traumatologiques pour sauver des vies et éviter que les gens ne perdent une jambe ou un bras, les gens n’ont donc pas d’autre choix que d’effectuer ce voyage dangereux pour parvenir jusqu’à nous ».
Un voyage quatre fois plus long pour éviter les mines
La nuit de lundi, dix enfants et adolescents entre 8 et 18 ans ont été amenés au centre de traumatologie avec des blessures résultant du bombardement d’une mosquée où ils étaient en train d’étudier. Les membres de la communauté qui ont amené les blessés au centre de traumatologie ont raconté au personnel de MSF qu’environ 30 jeunes gens étaient dans la mosquée au moment de l’impact du mortier, mais connaissant les difficultés d’accès à la ville de Kunduz, ils ont décidé de n’emmener que les dix les plus sévèrement blessés.
« Un voyage qui ne prendrait que 30 minutes leur a pris deux heures, raconte Heman Nagarathnam. Après avoir fait une partie de la route en véhicule, ils ont eu peur de rouler sur des mines et ont préféré marcher sur une route différente, en portant les enfants. Ils ont ensuite pris un bateau sur la rivière Kunduz et ont été la cible de tirs quand ils ont été confondus avec des combattants. Quand ils sont finalement parvenus en ville, ils ont hélé des véhicules pour les conduire jusqu’à notre centre ».
Etant donné les difficultés que rencontrent les personnes vivant dans le district de Chardara pour atteindre la ville de Kunduz, MSF tente d’améliorer l’accès aux soins médicaux. Le mardi 23 juin, MSF a ouvert un poste de stabilisation dans le district de Chardara où les infirmières peuvent offrir des soins d’urgence aux patients victimes de traumatismes avant qu’ils soient transportés à Kunduz.
MSF a commencé à travailler en Afghanistan en 1980. A Kunduz, comme dans le reste de l’Afghanistan, le personnel national et international travaille pour offrir la meilleure qualité de soins possible. MSF soutient le ministère de la Santé à l’hôpital Ahmad Shah Baba à l’est de Kaboul, à la maternité Dasht-e-Barchi à l’ouest de Kaboul et à l’hôpital Boost à Lashkar Gah, dans la province d’Helmand. A Khost, à l’est du pays, MSF gère une maternité. MSF n’est financé que par des fonds privés pour son travail en Afghanistan et n’accepte pas d’argent provenant de gouvernements.