Afghans à Paris : les laissés-pour-compte

Des centaines d'Afghans continuent de vivre et dormir dans la rue à Paris dans des conditions inhumaines.
Des centaines d'Afghans continuent de vivre et dormir dans la rue, à Paris, dans des conditions inhumaines. © Copyright : MSF

La mort d'un demandeur d'asile afghan, le 5 avril, dans un square en plein cœur du 10ème arrondissement de Paris, rappelle la situation inacceptable dans laquelle des centaines d'exilés, dont des mineurs, se trouvent aujourd'hui. Le jeune homme, âgé de 26 ans, était bien connu des associations d'aide aux réfugiés afghans. Il avait déposé sa demande d'asile dès son arrivée en France en octobre 2008, et pourtant, depuis, il dormait dans la rue.

La mort d'un demandeur d'asile afghan, le 5 avril, dans un square en plein cœur du 10ème arrondissement de Paris, rappelle la situation inacceptable dans laquelle des centaines d'exilés, dont des mineurs, se trouvent aujourd'hui. Le jeune homme, âgé de 26 ans, était bien connu des associations d'aide aux réfugiés afghans. Il avait déposé sa demande d'asile dès son arrivée en France en octobre 2008, et pourtant, depuis, il dormait dans la rue.

C'est dans le square Villemin, situé dans le 10ème arrondissement, qu'ils se regroupent pour la plupart. Non loin de la gare de l'Est. Ils sont là, pour certains, depuis plusieurs mois à "squatter " le square ou ses alentours. Sans nulle part où aller.

Les exilés afghans à Paris sont estimés entre 200 et 300. Depuis la fermeture de Sangatte en 2002 et les problèmes d' "accueil" sur Calais, il y en a de plus en plus à Paris.

Mais, contrairement à une idée reçue, les Afghans à Paris ne sont pas tous en transit, certains ont envie de poser leur valise en France.

Du fait de leur passage par d'autres pays européens, nombreux sont ceux placés sous règlement Dublin II.

Ce statut ne leur ouvre aucun droit et les exclut du système de prise en charge du dispositif national d'asile. Ni CMU, ni allocations, ni hébergement dans un centre d'accueil pour demandeurs d'asile (CADA).

 


Sans droit, sans toit. Ces personnes n'ont donc que la rue ou les structures d'hébergement d'urgence pour dormir. Seuls les mineurs isolés bénéficient de mesures de protections spécifiques qui leur garantissent au moins un toit, la plupart du temps dans un hôtel ou un foyer pour mineurs.

Les majeurs ont parfois l'option de dormir à la "Boulangerie" (un hébergement du 115), quand il reste de la place, mais la plupart ne souhaitent pas y aller pour des raisons d'insécurité, de vols, de mauvaise hygiène...

Alors ils restent à dormir dans des sacs de couchage fournis par des associations, dans et autour du Square, où les abris sont rares quand il pleut, et d'où ils sont parfois chassés par la police.

Si la question de l'hébergement et de la "mise à l'abri" pour la nuit est une question centrale, il est question pour eux de survie au quotidien.

Les accueils de jour ne sont pas suffisants pour pouvoir tous les accueillir et les conseiller. Ainsi, tous sont contraints de passer une grande partie de leur journée à errer dans la rue et dans le Square Villemin.

Un sentiment d'exclusion. Le fait de devoir dormir dans la rue, de se bousculer pour des distributions alimentaire (et ne manger qu'une fois par jour), de se faire chasser par la police, crée un sentiment de rejet, d'inhospitalité, dont les patients reçus dans le Centre d'Ecoute et de Soins de Médecins Sans Frontières parlent avec grande douleur.

Ceci ajoute à leur marginalisation, et le mode de survie permanent dans lequel ils sont, anéanti tous leurs espoirs et les empêche de s'investir dans des procédures administratives. Comment, en effet, être capable de se présenter à un rendez-vous quand on a dormi dehors et que l'on mange une fois par jour ?

A ce stade, la réalité sociale ou administrative est vécue comme oppressante et l'inertie des procédures d'asile comme faisant parti d'un véritable système d'exclusion.

Certains concluent qu'ils ne pourront pas obtenir la protection et l'asile et France, et se joignent à ceux qui risquent leur vie pour passer en Angleterre.


L e 1er mars 2007, MSF a ouvert à Paris un Centre d'Ecoute et de Soins médico-psychologiques destiné aux personnes venues chercher asile et protection en France suite à des violences politiques ou venant de zones de conflit. Près de 400 personnes (dont 31 afghans) ont bénéficié d'un suivi médico-psychologique, et plus de 160 patients sont actuellement en soin (dont 16 afghans).

*selon les chiffres de OFPRA et UNHCR

 

 

 

 

Notes

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