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de destruction totale menée par Israël

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Bangladesh : Mumtaz, survivante rohingya, exilée depuis deux ans

Bangladesh : Mumtaz, survivante rohingya, exilée depuis deux ans
Portrait de Mumtaz avec sa fille Rozia et son fils Mohammad Younis, au Bangladesh. © Mohammad Ghannam/MSF

Mumtaz Begum, 32 ans, a survécu au massacre de Tula Toli perpétré le 30 août 2017 au Myanmar. Des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants rohingyas y ont été violés et tués.

Mumtaz, 32 ans, réfugiée rohingya

« Je faisais la lessive devant notre maison, mon mari et mes enfants étaient à l’intérieur. Il pleuvait légèrement. Soudain, j’ai vu des dizaines d’hommes marcher lentement vers les maisons du village. Ils portaient des uniformes vert foncé. Ils ont commencé à tirer sur les maisons. Je me suis précipitée pour prévenir ma famille et on s’est enfui avec ma sœur et ma mère, qui habitaient la maison voisine. »

Mumtaz et son mari Abu al Husain étaient parents de trois garçons, Mohammad Othman, onze ans, Mohammad Sadiq, cinq ans, et Shafiq Allah, trois ans, ainsi que d’une fille, Rozia, neuf ans. Seules Mumtaz et Rozia ont survécu au massacre du 30 août 2017, qui a eu lieu à Tula Toli dans l’Etat de Rakhine, dans le nord-ouest du Myanmar. Elles vivent depuis deux ans dans l’un des camps de réfugiés de Cox’s Bazar, au Bangladesh. 

Mumtaz explique avoir des difficultés à se concentrer depuis les événements du 30 août. Elle a perdu l’ouïe du côté droit après avoir été frappée par des soldats qui selon elle appartenaient aux forces de sécurité birmanes.

Un homme transporte du bois dans l'un des camps de réfugiés du district de Cox’s Bazar, au Bangladesh.
 © Robin Hammond/NOOR
Un homme transporte du bois dans l'un des camps de réfugiés du district de Cox’s Bazar, au Bangladesh. © Robin Hammond/NOOR

« On a couru dans un champ, mais il n’y avait pas d’arbres pour se cacher. Les hommes armés nous ont poursuivis dans le champ et encerclés. Ils ont séparé les hommes des femmes et des enfants. J’ai désespérément cherché mon mari, j’avais l’impression d’être déjà morte. Ils ont commencé à tirer sur les hommes. Puis ils ont versé de l’essence sur leurs corps et y ont mis le feu. 
Ensuite, ils ont réparti les femmes en groupes de six ou sept. Je suis entrée dans une maison, avec mes enfants. J’ai vu cinq soldats dans la maison, qui m’ont demandé de leur donner mes bijoux en or.
C’est là qu’ils ont déchiré mes vêtements et ont trouvé l’argent que j’avais caché, les économies de toute une vie. Ils riaient en me dépouillant. Je hurlais de terreur. J’avais le sentiment d’être dans un monde parallèle, une autre réalité, sur une autre planète, ou en enfer
», raconte Mumtaz.

« Pendant ce temps, mes trois garçons s’en sont pris aux soldats pour essayer de me défendre. Les soldats ont alors commencé à les frapper avec des bambous, encore et encore, jusqu’à ce qu’ils meurent. J’ai entendu leurs crânes se fracasser. Puis ils ont blessé Rozia à la tête avec un couteau, mais heureusement elle a réussi à s’enfuir », explique Mumtaz. 

Des enfants jouent dans le camp de Kutupalong, dans le district de Cox’s Bazar, au Bangladesh.
 © Robin Hammond/NOOR
Des enfants jouent dans le camp de Kutupalong, dans le district de Cox’s Bazar, au Bangladesh. © Robin Hammond/NOOR

La jeune femme cesse un instant de parler et regarde le sol. Elle a assisté au meurtre de son mari et de son fils. Mais, à ce moment-la, son calvaire est loin d’être terminé.
« Deux soldats m’ont ensuite attrapée par les jambes et les épaules, et le troisième m’a violée », raconte-t-elle. C’est la dernière chose dont se souvient Mumtaz le jour du massacre. Après cela, elle a perdu connaissance, avant de se réveiller dans une maison en feu.

« J’ai regardé autour de moi et j’ai vu quatre femmes attachées avec une corde. Elles me suppliaient de les libérer parce que j’étais la seule qui n’était pas attachée. Elles poussaient des hurlements terribles, je ne savais pas quoi faire. Le plafond était en train de s’effondrer sous les flammes. Je me suis précipitée à l’extérieur à moitié nue et profondément brûlée. Je n’ai aidé personne », confie Mumtaz.
« J’aurais dû les aider, mais je vous jure que je ne pouvais pas. J’ai abandonné quatre de mes voisines et les corps de mes trois enfants décédés. »

« Ma fille Rozia se cachait à l’extérieur. Elle m’a trouvée et m’a aidée à courir vers la montagne. Je courais pour sauver nos vies, mais la seule chose à laquelle je pensais, c’est ce que mes enfants avaient dû ressentir avant de mourir... »

Rakhine, Myanmar. 
 © Scott Hamilton/MSF
Rakhine, Myanmar.  © Scott Hamilton/MSF

Pendant cinq jours, Mumtaz et Rozia se sont cachées dans les montagnes, se nourrissant exclusivement de feuilles d’arbres. « Un groupe de villageois nous ont vues et ont eu pitié de nous. Ils nous ont amenées dans leur village, Shilkhali. On y est restées une nuit, puis un pêcheur nous a amenées au Bangladesh à bord de son bateau. Il ne nous a rien fait payer parce que je pense qu’il a vu nos blessures, et nos souffrances », se souvient-elle.

Quand elle est arrivée au Bangladesh, Mumtaz a été soignée pendant un mois à l’hôpital MSF installé dans le camp. Au fil du temps, Mumtaz a repris des forces. En juillet 2018, elle s’est remariée et a eu un garçon, Mohammad Younis, qui a maintenant six mois. « C’est comme un don de Dieu, c’est un bébé heureux et en bonne santé. »

Sa nouvelle histoire d’amour n’a malheureusement pas duré longtemps. Son mari s’est enfui peu de temps après la naissance de l’enfant. « Tout ce que je veux, c’est mener une vie décente sur mes terres, comme avant. Je ne veux plus supplier qui que ce soit, ni faire la queue des heures avec mon bébé dans les bras pour pouvoir manger. Je veux retrouver ma dignité », conclut Mumtaz.

Notes

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