Dans la nuit du 2 au 3 mai 2008, le cyclone Nargis s'abat sur le sud de la Birmanie détruisant tout sur son passage. Les équipes MSF sont intervenues dans les 48 heures après l'événement, avec des douzaines de travailleurs humanitaires envoyés dans le delta, distribuant des tonnes de matériel d'assistance et fournissant des traitements médicaux.
Le cyclone Nargis a laissé derrière lui 140 000 morts et disparus et occasionné des dommages gigantesques. MSF était déjà présente en Birmanie et les premières équipes ont pu se rendre sur place tout de suite après la catastrophe.
Soins médicaux, assainissement, distributions. Au total, les équipes MSF ont apporté une aide médicale et matérielle à plus d'un demi-million de personnes dans le delta de l'Irrawaddy.
Les équipes médicales ont examiné environ 100 000 patients. Plus de 4000 tonnes de nourriture ont été distribués (riz, haricots, conserves de poisson, huile, sel), ainsi que 194 000 moustiquaires, 146 000 bâches plastiques pour construire des abris provisoires, 79 000 couvertures et 50 000 lots avec le matériel d'hygiène nécessaire.
Plus d'un millier de points d'eau (puits ou mares) ont été nettoyés. Le temps de la reconstruction. MSF a fermé ou transféré à d'autres organisations la quasi-totalité de ses activités, une fois la phase d'urgence passée, en octobre 2008.
La reconstruction des habitations et la restauration des moyens d'existence, notamment l'agriculture et la pêche, sont en cours grâce aux efforts de nombreux organismes nationaux et internationaux.
Il faudra encore de nombreuses années avant que la situation revienne à la normale dans les zones principalement rurales qui composent l'extrémité méridionale de la Birmanie. Seul un programme de soutien psychologique a été maintenu par MSF, dans un bidonville particulièrement affecté dans la ville de Bogaley.
Un traumatisme psychologique important. « J'ai perdu 36 personnes de ma famille et tout ce que je possédais pendant le cyclone. Je n'arrive plus à manger et à dormir, je fais des cauchemars affreux, je ne veux plus parler avec les voisins, je les trouve étranges et ils me font peur », racontait ainsi une jeune femme de 30 ans lors d'un premier entretien avec un conseiller MSF.
« Dès que j'entends parler du cyclone, je ferme les yeux et je me bouche les oreilles avec les mains. Je suis inquiète pour mes trois enfants parce que j'arrive plus à les supporter. Je les trouve étranges eux aussi et quand je suis en colère je les bats. Je me mets en colère très facilement. A chaque fois que je pense à ma famille qui n'est plus là, j'ai envie de m'enfuir, n'importe où. »
Après six entretiens avec un conseiller MSF, cette patiente est parvenue à maîtriser ses angoisses.
L'anniversaire, risque de réactions psychologiques. Après le passage du cyclone, environ 56 000 survivants ont reçu une aide psychologique.
« La santé mentale doit faire partie intégrante d'une intervention d'urgence et sa prise en charge doit commencer dans les premières phases d'une intervention pour catastrophe naturelle. Nous espérons que les gens sont maintenant capables de mieux comprendre leurs réactions et d'y faire face ainsi que de puiser dans leurs ressources », explique Jean-Sébastien Matte, responsable du programme MSF en Birmanie.
A l'approche de la date anniversaire de la catastrophe, il a été nécessaire d'avertir la population d'une possible résurgence des anciens symptômes qu'ils ont ressentis après Nargis. Pour expliquer ce phénomène, les équipes MSF ont récemment distribué des milliers de feuillets imprimés sur la préparation aux catastrophes et ont discuté de ces problèmes lors de séances de groupe.