Birmanie - Quels risques d'épidémie après le cyclone?

Birmanie (Myanmar) le 06/05/08. Vue aérienne des dégâts causés par le cyclone Nargis.
Birmanie (Myanmar), le 06/05/08. Vue aérienne des dégâts causés par le cyclone Nargis. © AP Images

Le Dr Philippe Guérin, directeur scientifique d'Epicentre (la branche épidémiologie de MSF) souligne que les catastrophes naturelles n'entraînent pas systématiquement d'épidémies.

 En termes médicaux, quelles sont les conséquences d'une catastrophe naturelle comme le cyclone Nargis ?
Il faut distinguer les conséquences directes des conséquences indirectes. L'impact immédiat, ce sont les très nombreuses victimes de la catastrophe. Les morts bien sûr, mais aussi les blessés qu'il faut prendre en charge le plus vite possible. Les gens souffrent de coupures, de fractures, et en l'absence de soins, dans des conditions précaires, leurs plaies peuvent s'infecter.

Ensuite, le cyclone a détruit les maisons et les infrastructures, notamment les systèmes d'approvisionnement en eau potable (puits, canalisations, etc.). La destruction des habitations oblige souvent les populations à se regrouper dans des conditions précaires, par exemple dans des écoles ou des monastères.
C'est cela qui représente le plus gros risque en terme sanitaire : une promiscuité forcée, un accès insuffisant à l'eau potable, aux soins et parfois à la nourriture.

 

 


De telles circonstances peuvent provoquer des maladies et favoriser leur propagation. Dormant dehors ou dans des abris de fortune, mal protégés contre la pluie, les gens peuvent contracter des infections respiratoires, en particulier les enfants. Il y a également un risque de maladies diarrhéiques liées à la consommation d'eau contaminée.

 

Y a-t-il un risque majeur d’épidémie au Myanmar (Birmanie) ?
L’expérience de Médecins Sans Frontières sur des catastrophes naturelles montre qu’elles ne provoquent pas mécaniquement d’épidémies. Bien sûr, la concentration d’un grand nombre de déplacés dans des camps ou des abris surpeuplés rend le risque d’épidémies élevé. Pour les survivants, la priorité en termes de santé publique est donc de leur donner accès à de l’eau potable et à des soins. Mais pour qu’une épidémie se déclenche, il faut que des maladies à potentiel épidémiques existent déjà dans le pays.







Rangoun, le 04/05/2008. Si les catastrophes naturelles n'entraînent pas automatiquement d'épidémies, les regroupements de population et le manque d'eau potable sont propices à celles-ci.

© www.alertnet.org/REUTERS/HO



Qu’en est-il de maladies particulières comme le choléra, la dengue ou encore le paludisme ?
Le paludisme et la dengue sont présents, et même endémiques, dans les régions du Myanmar (Birmanie) touchées par le cyclone. Ces deux maladies sont transmises par les piqûres de moustiques. En prévention, MSF va donc distribuer des moustiquaire. Et le cas échéant, nous soignerons les cas de paludisme avec des combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine, très efficaces.

Quant au choléra, le vibrion cholérique (la bactérie responsable de la maladie), doit être présent pour se propager. Au Myanmar (Birmanie), le risque de choléra est modéré.

Le risque est donc limité, mais à partir du moment où il existe, il faut être vigilant. Pour détecter des épidémies à leur déclenchement, il faut mettre en place un système de surveillance adapté à cette situation de catastrophe naturelle. Là où c’est nécessaire, les équipes de MSF se tiennent prêtes à soigner les malades pour stopper la propagation de la maladie. Dans certaines des zones les plus isolées du Myanmar (Birmanie), nos équipes médicales mettent en place une surveillance épidémiologique.

Enfin, pour la rougeole, nous sommes aussi vigilants. Les conditions très précaires dans lesquelles sont installées les survivants pourraient favoriser des flambées de rougeole.

Quel est le rôle d'une organisation humanitaire comme MSF dans une catastrophe comme celle-ci ?
Avant tout, évaluer les besoins dans les différentes régions frappées par le cyclone pour élaborer des réponses au cas par cas, tout en apportant de premiers secours.

Nous pouvons parfois apporter un soutien à la prise en charge des blessés quand c'est nécessaire. L'essentiel de notre action va consister à assurer un accès aux soins, des distributions matérielles d'urgence (abris, couvertures, etc.) et l'approvisionnement en eau pour les populations affectées par le sinistre.

Dans le cas du Myanmar (Birmanie), les équipes MSF ont soigné des blessés, mais aussi distribué de la nourriture et des bâches plastiques, et ont également aidé au traitement de l’eau pour la rendre potable. Elles intensifient désormais leur action dans les zones les plus touchées. Enfin, MSF participe à l'effort de surveillance épidémiologique.

 

 

Notes

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