Trois semaines après le passage du cyclone Nargis, s’agit-il encore d’une urgence pour les personnes affectées par le cyclone?
Des milliers de personnes n'ont vu aucun secouriste ni reçu aucune aide depuis le passage du cyclone il y a trois semaines. Nos équipes qui circulent en bateau dans la région de Bogaley sont parvenues hier à atteindre des villages plus reculés. Là, la population n’avait plus de nourriture et n’avait rien mangé depuis trois jours. Ils pleuraient et réclamaient de l’aide.
Nos équipes ont distribué des rations de nourriture d’urgence mais il y a malheureusement beaucoup d’autres villages comme celui-ci. Les besoins les plus urgents sont la nourriture et les abris.
Les fortes difficultés pour faire entrer du personnel international dans le pays ont eu pour conséquence que, trois semaines après Nargis, notre déploiement d'aide dans le delta équivaut à ce que nous aurions déployé en sept jours dans un autre contexte.
Les autorités auraient déclaré qu'elles permettraient l’entrée de tous les experts internationaux dans le pays, qu’en pensez-vous ?
Nous verrons dans les prochains jours si cette déclaration sera suivie de faits. Le personnel national a fait et continue à faire un travail essentiel. Beaucoup travaillent depuis des années avec MSF et occupent des postes à responsabilités. Mais ils n’ont ni l’expérience ni l'expertise des situations d'urgence et beaucoup sont directement affectés par le cyclone.
Depuis trois semaines MSF tente de faire entrer ses volontaires internationaux dans le delta, en particulier des spécialistes d’intervention d’urgence. Aujourd’hui, moins de dix internationaux MSF ont reçu l’autorisation de travailler dans 4 endroits du delta et vingt sont en attente à Rangoun.
Ce personnel est nécessaire pour accélérer le déploiement des secours et soutenir le personnel national birman qui fait un travail énorme depuis trois semaines.
Considérant les nombreuses restrictions imposées au personnel international, est-il possible d’apporter de l’aide directement aux populations sinistrées? Dans la première phase des opérations, notre but était simplement d’apporter des premiers secours et des biens de première nécessité aux populations touchées par le cyclone. L’intégralité des secours amenés par MSF en Birmanie est contrôlée par MSF depuis son arrivée dans le pays jusqu’à sa distribution.
Pour cela, nous avons compté et comptons encore sur nos collègues birmans. Nous sommes en contact constant avec ces équipes MSF qui nous transmettent leurs progrès et les difficultés rencontrées. Il est clair que dans une situation comme celle-la, le déploiement de l’aide peut être difficile. Nous sommes conscients des quelques occasions où nous avons partiellement perdu le contrôle sur les distributions et avons pu le rectifier.
Par exemple, dans un village, les militaires ont insisté pour être responsables des distributions mais un de nos docteurs est intervenu et nous avons pu distribuer le riz que nous avions apporté à ceux qui en avaient besoin. Dans un autre cas, notre équipe n’était simplement pas assez grande pour mener de front les consultations médicales, les activités d’assainissement, les distributions d’eau et de nourriture. Nous avons donc confié la distribution des sacs de riz au comité local du village.
Heureusement ces exemples représentent une très faible fraction de la totalité des secours apportés par MSF et ont été, en plus, rectifié par le personnel MSF.
Voir le reportage du journal de 20h de TF1, le 26 mai 2008 et l'interview de Jean-Sébastien Matte