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Burundi : « Nous soignons toute personne blessée sans tenir compte de son affiliation politique »

Centre de santé de Gitega au Burundi. 2014.
Centre de santé de Gitega, au Burundi. 2014. © MSF

Au Burundi, la crise électorale a fait des centaines de blessés et poussé près de 185&nbsp000 personnes à se réfugier en République démocratique du Congo, en Tanzanie et au Rwanda au cours des quatre derniers mois. Aujourd’hui, il n’y a plus de manifestations, mais il règne une tension latente dans la capitale. Les nuits sont rythmées par des accrochages sporadiques entre forces de l’ordre et opposants. Bruno Duchenne, chef de mission pour MSF au Burundi, décrit la situation à Bujumbura.

Lorsque la crise électorale a commencé au Burundi, nous étions déjà présents à Gitega, à près de deux heures de route de Bujumbura, avec un projet de chirurgie réparatrice des fistules obstétricales. Nous avons donc pu directement envoyer des équipes médicales dans cinq communes proches des lieux de manifestation.

Il était essentiel pour nous de veiller à ce que les blessés puissent accéder aux soins et que les postes de santé soient suffisamment équipés pour répondre à un afflux de blessés si nécessaire.

Nos équipes ont fourni des soins médicaux d'urgence et stabilisé les victimes de violence afin qu'elles puissent être transférées par la Croix-Rouge burundaise vers quatre hôpitaux publics de la ville. Nous avons également fait don de kits d'urgence contenant des pansements et des fournitures médicales à 19 centres de santé dans 13 communes de la capitale.

Avec l’afflux important de blessés à certaines périodes, les hôpitaux ont été dépassés en termes de lits d’hospitalisation et de capacités chirurgicales. En conséquence, certaines opérations moins urgentes devaient être repoussées. 

Très peu d'ambulances s’aventurent dans la nuit, et des blessés sont morts avant d'atteindre un hôpital. C’est pourquoi, nous avons mis à disposition une ambulance MSF pour transporter les patients lorsque la sécurité le permet.

Nous travaillons également à l'hôpital de l’Arche de Kigobe, dans le nord de la capitale, afin de procurer des soins médicaux gratuits pour les blessés nécessitant une chirurgie traumatologique d'urgence. Pour beaucoup de blessés, il y a une barrière financière aux soins de santé. Souvent, ils ne possèdent pas les moyens de payer leur hospitalisation car une opération chirurgicale peut s’élever à des centaines d’euros.  

La majorité de nos patients ont été touchés par des balles perdues ou des grenades lors d'affrontements entre opposants et forces de l’ordre. La semaine dernière, par exemple, nous avons admis deux filles âgées de 8 et 11 ans, qui avaient été projetées par l’explosion d’une grenade abandonnée qu’elles avaient trouvée.

Les blessés ont souvent peur pour leur sécurité dans les structures médicales, il est donc essentiel de créer un lieu qui puisse devenir un « sanctuaire » pour tous les blessés, sans aucune discrimination. Nous soignons toute personne blessée, sans tenir compte de son affiliation politique.

Nous avons traité près de 200 blessés dont 122 ont été hospitalisés depuis que nous avons commencé à travailler à l’hôpital de l’Arche fin juin. Nous admettons actuellement en moyenne 20 patients par semaine. La plupart ont été blessés par balles, grenades, mais aussi par arme blanche. Ils arrivent le plus souvent par leurs propres moyens, parfois plusieurs jours après avoir été blessés.

L’hôpital a une capacité de 40 lits et est équipé d'une salle d'urgence, d’une salle d'opération et d’une unité de soins intensifs. Nous offrons aussi une prise en charge psychologique et des soins de kinésithérapie.

Malgré notre départ de Gitega, nous restons déterminés à soutenir la population burundaise.

Notes

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