Cameroun : les Bororos, population isolée et harcelée

A Touboro au Cameroun MSF ouvre un programme d'accès aux soins pour 20 000 Centrafricains réfugiés et pour la population locale.
A Touboro au Cameroun, MSF ouvre un programme d'accès aux soins pour 20 000 Centrafricains réfugiés et pour la population locale. © Hiam el Zein / MSF

Aux frontières du Cameroun, du Tchad et de la République Centrafricaine, les populations sont harcelées par les coupeurs de route. Pour leur venir en aide, MSF ouvre un programme d'accès aux soins à destination des nomades Bororo et de la population locale, dans la zone de Touboro, au Cameroun.

L'assistance humanitaire est déployée dans plusieurs sites de ces trois pays : Cameroun, Tchad et République Centrafricaine. Mais dans la zone de Touboro, juste au-dessus de la jonction entre les trois frontières, plus rien : aucune ONG n'est présente, aucun centre d'accueil pour les réfugiés n'a été mis en place.

Eparpillées dans la brousse, peu visibles, de nombreuses familles de nomades Bororo fuient les coupeurs de route, bandits spécialisés dans le kidnapping contre rançon. Des milliers de personnes ont besoin d'eau potable, de nourriture et de soins médicaux. Pour les aider, MSF a ouvert un programme d'accès aux soins pour la population locale et les quelques20 000 Centrafricains réfugiés dans la région.

Poursuivis par les coupeurs de route. « Les Bororo sont des nomades, ils circulent depuis très longtemps dans cette zone, traversant la frontière en fonction des besoins de leurs troupeaux » explique Ali Ouattara, chef de mission au Cameroun. « Mais aujourd'hui, c'est différent. Pour tenter d'échapper au harcèlement des coupeurs de route, ils arrivent de plus en plus nombreux dans les environs de Touboro. Ils vivent à part, dans la brousse, là où il n'y a pas de centre de santé et peu de points d'eau. Mais ils ne sont toujours pas en sécurité. »


Les coupeurs de route font des incursions depuis la République Centrafricaine et pratiquent des enlèvements. Par groupe d'une vingtaine, armés et très organisés, ils s'attaquent particulièrement aux éleveurs Bororo. Ces derniers ont déjà vendu beaucoup d'animaux pour payer les rançons. Le montant est d'un à deux millions de francs CFA, soit environ 2 000 euros, ce qui revient aux prix de quatre grands bœufs. A défaut de paiement, les coupeurs de route ont prouvé à de nombreuses reprises qu'ils pouvaient tuer.

« Fin avril, un groupe avait refusé de payer pour la libération des leurs : plusieurs enfants ont été égorgés, raconte Ali. En juin, un village a été attaqué à une trentaine de kilomètres de notre base. Ils ont kidnappé le chef et une dizaine de membres du groupe tout en emportant le troupeau. Deux personnes ont été relâchées pour transmettre la demande de rançon, je ne sais pas pour les autres... »

Ils vivent à part, dans la brousse, là où il n'y a pas de centre de santé et peu de points d'eau. Mais ils ne sont toujours pas en sécurité.
Ali Ouattara, Chef de Mission

 

Améliorer les soins. Dans les centres de santé de cette zone, la fréquentation moyenne ne dépasse pas sept patients par jour. Le coût des soins, le manque de médicaments et de matériel n'incitent pas la population à se rendre dans les structures de santé. Pourtant, outre les maladies classiques telles que le paludisme, les infections respiratoires et la malnutrition, les épidémies sont courantes, notamment la méningite et le choléra.

L'objectif de l'équipe MSF est à la fois d'apporter une aide médicale aux familles Bororo et d'améliorer l'accès aux soins de la population locale camerounaise. Le centre de santé d'un village proche de Touboro, nommé Bemboyo, a été réaménagé par MSF pour accueillir les cas sévères nécessitant une hospitalisation. La capacité est d'une vingtaine de lits.

MSF soutient trois centres de santé dans les environs par un renfort en ressources humaines, la fourniture de médicaments et la mise en place de protocoles de soins. Une équipe médicale pratique deux fois par semaine des consultations gratuites dans un village dépourvu de structure de santé.

Notes

    À lire aussi