La Cour internationale de justice a également ordonné à Israël l’arrêt de « toute autre action menée dans le gouvernorat de Rafah qui serait susceptible d’infliger au groupe des Palestiniens de Gaza des conditions d’existence capables d’entraîner sa destruction physique ». Qu’est-ce que cela change concrètement sur le terrain ?
Pour les Palestiniens sous les bombes et pris au piège des combats, la décision de la CIJ ne change pas radicalement leur quotidien. Les mesures de la Cour sont juridiquement contraignantes mais celle-ci n’a aucun moyen de les faire appliquer. Le 26 janvier, elle avait exigé d’Israël et de l’ensemble des États membres de tout mettre en œuvre pour préserver la vie des civils et déployer l’assistance humanitaire. Les arrêts de la Cour, tant dans la pression qu’ils exercent sur Israël que par la caisse de résonance médiatique qu’ils offrent, mettent la lumière sur le caractère systématique et manifeste de la destruction des infrastructures civiles à Gaza : les hôpitaux, dont nous avons documenté les attaques ces derniers mois, mais aussi les écoles, mosquées, universités, routes, champs, etc. sont méthodiquement et volontairement détruits. On assiste à l’annihilation de la fabrique sociale de Gaza.
Depuis le début de la guerre, le système de santé - hôpitaux, ambulances, personnel médical, patients - a été la cible d’attaques délibérées et systématiques de la part de l’armée israélienne. Les hôpitaux du nord de l’enclave continuent d’être la cible de tirs et sont soumis à des destructions importantes, comme c’est le cas pour les hôpitaux d’Al-Awda et de Kamal Adwan. Il n’y a plus d’hôpital pleinement opérationnel à Rafah, l’hôpital koweïtien ayant également été mis hors service à la suite d’une frappe aérienne qui a tué deux membres de son personnel. Actuellement, Israël refuse d’accueillir des patients - notamment des enfants - qui ne peuvent pas être soignés à Gaza et aucune évacuation médicale n’est possible vers l'Egypte depuis la prise de la frontière par Israël.
L’urgence vitale c’est de contraindre Israël à cesser immédiatement son entreprise de destruction de toutes sources de vie à Gaza. Les États-Unis, qui s’opposent systématiquement aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies demandant un cessez-le-feu, ont une responsabilité directe dans cette entreprise de destruction qu’ils alimentent, tout comme le Royaume-Uni et les pays européens alliés d’Israël. Ces États doivent immédiatement arrêter leur soutien aux opérations militaires israéliennes, pour préserver la vie des civils et prévenir un génocide.