Quels sont actuellement les principaux besoins des populations du Sichuan ?
Les besoins en abris sont énormes. Suite au séisme, un peu plus de 5 millions de personnes se sont retrouvées sans toit. En étroite collaboration avec la Croix-Rouge chinoise, MSF a distribué 4 560 tentes et des bâches plastiques aux familles sans-abri.
Beaucoup de survivants ont non seulement perdu leur maison et leurs biens, mais aussi leurs parents et/ou leurs proches. Après ce terrible séisme, beaucoup sont toujours sous le choc et ont clairement besoin d’un soutien psychologique.
Qui sont les populations concernées par ces soins psychologiques ?
Les survivants ont tendance à dire qu’ils arrivent à faire face à la situation. Comme cette vieille dame qui nous a dit qu’elle allait bien et qu’il fallait qu’on concentre notre aide sur les autres. Nous avons commencé à lui poser des questions et elle s’est immédiatement mise à pleurer. Le même jour, un conducteur de bulldozer a demandé à voir l’un de nos psychologues. A force d’extraire des cadavres des décombres, il se sent très mal et fait des cauchemars.
Plusieurs groupes de populations spécifiques ont particulièrement besoin de ce type de soins : les enfants, dont beaucoup ont perdu leurs parents ainsi que des camarades de classe dans l’effondrement de nombreuses écoles ; les personnes âgées, parfois laissées de côté ; les patients handicapés, mutilés, souffrant de blessures traumatiques majeures, pour qui il est très difficile de reprendre une vie normale et de faire face à la situation.
Quels sont les projets de MSF en ce qui concerne la santé mentale dans le Sichuan ?
Pendant la phase d’urgence, des psychologues MSF ont soutenu des hôpitaux de référence et formé du personnel médical sur les premiers soins psychologiques d’urgence à apporter aux patients.
Une équipe de 4 psychologues va désormais travailler sur 2 sites de regroupement de déplacés.
* A Long Men, ville de Pengzhou (une région montagneuse où environ 10 000 personnes vivent dans 10 camps temporaires), nous allons installer une tente près des structures médicales. 3 psychologues y proposeront des consultations et une assistance.
* A Hanwang, ville de Mianzhu, une autre équipe initiera un soutien psychologique pour environ 10 000 autres déplacés.
En parallèle, nos équipes continueront à répondre aux besoins de base des populations sinistrées de ces 2 localités : distributions supplémentaires de tentes et de biens de première nécessité.
Déchargement des tentes
© Kris Torgeson/MSF
Est ce que la réponse locale couvre tous les autres besoins ?
Au cours de toutes les situations d’urgence dont j’ai été témoin, je n’avais jamais vu une telle réponse de la part d’autorités locales ! Les besoins en nourriture, eau, sanitation et hygiène sont largement pourvus localement. Et beaucoup de volontaires sont spontanément venus proposer leur aide dans les régions touchées.
Sur une catastrophe d’une envergure telle que le séisme dans le Sichuan, on pourrait s’attendre à ce que beaucoup de besoins restent non-satisfaits. Or, ces derniers concernent essentiellement la santé mentale, la distribution de biens de première nécessité et les abris. MSF va tenter de pallier ces manques.
Les activités médicales d’urgence - menées pendant la phase des opérations de secours (néphrologie, chirurgie et soins médicaux) - sont désormais terminées. Mais MSF continuera d’assurer un suivi médical aux personnes blessées suite au tremblement de terre.
Trois semaines après le séisme, ressens tu une amélioration de la situation ?
Jusqu’ici, les gens dépendaient totalement de l’assistance du gouvernement chinois et des ONG, locales comme internationales. La première phase de l’urgence – les opérations de secours – est passée et nous voyons désormais des signes de reconstruction comme la mise en place de maisons, d’écoles et d’infrastructures pré-fabriquées.
Cependant, après un tel désastre, beaucoup de survivants ont tout perdu et continuent de dépendre de l’aide, gouvernementale et humanitaire. Il ne fait aucun doute qu’il faudra des années à ces gens pour pouvoir reprendre une vie normale.