Chine - Trois mois après le séisme

Province du Sichuan 23 mai 2008. MSF intervient en urgence auprès des rescapés du séisme.
Province du Sichuan, 23 mai 2008. MSF intervient en urgence auprès des rescapés du séisme. © Kris Torgeson/MSF

Trois mois après le séisme d'une magnitude de 8.0 qui a dévasté la province du Sichuan le 12 mai dernier, les équipes MSF continuent d'offrir un soutien psychologique aux victimes. À Hanwang, dans la ville-district de Mianzhu, MSF poursuit ses activités de soutien psychologique pour les rescapés.

Depuis qu'un tremblement de terre dévastateur, d'une magnitude de 7,9, a frappé la province du Sichuan il y a trois mois, MSF a pratiqué des opérations chirurgicales, délivré des soins médicaux basiques, et partagé ses connaissances en matière de problèmes rénaux pour renforcer le traitement du «crush syndrome1».

Elle a également donné des médicaments, du matériel médical, ainsi que des biens de première nécessité, tels que des tentes résistantes aux conditions extrêmes et bâches en plastique.

À Hanwang, dans la ville-district de Mianzhu, MSF poursuit actuellement ses activités de soutien psychologique pour les rescapés.

Entretien avec le Dr. Misa Sugawara, responsable terrain à Sichuan pour MSF.

Trois mois après le séisme, comment réagit la population aux soins de santé mentale?
Nombreux sont ceux qui éprouvent un profond sentiment de perte, de chagrin et de deuil après un évènement aussi terrible.


Malgré tout, la plupart de nos patients présentent des signes de rétablissement. Nous ne rencontrons plus de patients très amaigris, qui n'ont pas mangé depuis des jours, ou qui souffrent de troubles du sommeil.

À ce jour, notre équipe de trois psychologues a suivi 113 patients et donné 196 consultations psychologiques.
La plupart de ces patients n'ont plus besoin de revenir consulter. À ce stade, MSF aide les victimes à se rétablir naturellement, ce qui est à la portée de la majorité d'entre elles.

Bien que le choc initial soit passé, nombreux sont ceux qui ont tout perdu d'un coup, y compris leurs proches, et qui se battent pour construire une nouvelle vie.
Dr. Misa Sugawara

Comment la population perçoit-elle les soins psychologiques donnés par MSF?
Avant le tremblement de terre, il n'y avait aucun psychologue à Hanwang, et les soins psychiques étaient inexistants. Après le séisme, la population était sous le choc, et avait manifestement besoin de soutien psychologique.

Comme ce type de soins leur est complètement étranger, ils les ont d'abord vu d'un mauvais oeil : certains pensaient qu'il était honteux de recevoir ce genre d'aide, ou qu'on les percevrait comme des personnes faibles.

MSF fournit des soins de santé mentale dans trois sites de consultation autour de Hanwang (Xia Luozi, Wudu et Jiulong), et l'équipe se rend également dans les villages alentours pour rassurer les gens, leur faire comprendre que la peur et l'angoisse sont des réactions normales, et que n'importe qui peut être confronté ce genre de problèmes.

Avec les « médecins de village », qui connaissent parfaitement les conditions de santé et d'hygiène des habitants, l'équipe rend également visite aux patients des régions isolées qui ne peuvent pas se rendre sur nos sites de consultation, à cause de blessures ou de l'absence de moyens de transport.

Plus de 5 millions de personnes se sont trouvées sans abri à la suite du tremblement de terre. A-t-on répondu aux besoins d'abri de la population?
Les autorités nationales et locales, les ONG, ainsi que des bénévoles ont apporté un soutien considérable et efficace, répondant largement aux besoins en abri des populations, dans les villes autour de Hanwang.

Malgré cela, nous avons identifié plusieurs personnes sans abri dans quelques villages reculés. Il y a deux semaines, j'ai visité quatre villages, qui comptent chacun entre 3 000 et 4 000 habitants, près de Wudu : 90 % des villageois vivaient encore dans des abris improvisés, faits de branchages et de bâches en plastique.

Les pluies ont commencé dans la région, et cette année, les prévisions météorologiques ont annoncé des précipitations plus importantes que d'habitude. L'eau s'infiltre facilement à l'intérieur de ces abris et de telles conditions de vie peuvent entraîner des infections respiratoires.

Nous pensons que la Chine est capable de continuer à venir en aide aux rescapés du séisme, mais nous resterons attentifs à l'évolution de la situation. Nous interviendrons si nous constatons que l'aide humanitaire est lacunaire.

Quelle est la prochaine étape dans le Sichuan?
Nos évaluations indiquent que les besoins vitaux, comme ceux en nourriture, eau, assainissement et hygiène, ont été largement satisfaits dans la plupart des régions touchées par le tremblement de terre, et en tant qu'organisation humanitaire médicale, ce n'est pas le rôle de MSF de conduire des travaux de reconstruction à long terme dans la province du Sichuan.

À présent, environ 1 000 patients reviennent à Xia Luozi, un de nos sites de consultation psychologique, après avoir été soignés dans différents hôpitaux chinois. Beaucoup d'entre eux nécessitent à présent une prise en charge post-opératoire et une rééducation. Début septembre, MSF mènera une évaluation des activités dans la région, et nous réorienterons notre intervention en fonction des résultats.

Bien que le choc initial soit passé, nombreux sont ceux qui ont tout perdu d'un coup, y compris leurs proches, et qui se battent pour construire une nouvelle vie. En dehors de soins médicaux et psychologiques, la population a besoin d'un soutien à différents niveaux en vue d'une reconstruction à long terme.

(1) Le « Crush syndrome » est le résultat d'une compression prolongée des membres causant une destruction du tissu musculaire (rhabdomyolyse) et la libération de toxines dans la circulation du sang. Les victimes peuvent développer une insuffisance rénale sévère et nécessiter la dialyse. C'est le cas de nombreuses victimes des tremblements de terres graves. S'il n'est pas soigné, le « crush syndrome » peut être fatal.

MSF travaille en Chine depuis 1988. Au moment du séisme, les équipes MSF se trouvaient à Nanning, dans la région autonome Zhuang du Guangxi, où elles mènent un programme de traitement du VIH/sida depuis 2003, en collaboration avec le bureau de la Santé publique du Guangxi et le Centre de contrôle des maladies de Nanning.

Début 2008, MSF a remis le programme VIH/sida de Xiangfan, dans la province du Hubei, aux autorités chinoises. Actuellement, 5 expatriés et 5 locaux travaillent pour MSF à Sichuan.

Notes

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