Selon ce rapport, en 2006, la Chine
enregistrait 4,5 millions de cas de tuberculose (TB) et un nombre annuel de nouveaux malades
estimé à 1,3 millions. Comme ailleurs, les pauvres sont les plus durement
touchés et notamment les millions de migrants de l’exode rural n’ayant qu’un
accès limité aux soins.
Compte tenu de la gravité du problème, le gouvernement
chinois a lancé un programme national en 1991 (conjointement avec l’OMS).
Depuis, la détection des cas de TB en Chine s’est améliorée et des soins
gratuits sont disponibles dans des centres spécialisés.
TB multirésistante émergeante. Néanmoins, malgré ces efforts, les défis
restent nombreux. Ainsi, à l’échelle de la planète, l’OMS a estimé que pour 5
cas de TB détectés, 4 autres cas ne le sont pas. C’est aussi vrai pour la Chine
où l’épidémie continue de se propager et où l’expansion de la TB
multirésistante (TB-MDR) est particulièrement préoccupante.
Lorsqu'un malade ne prend pas correctement
ses médicaments et/ou ne bénéficie pas de traitements complets (adhérence au
traitement) ou encore qu'il est soigné avec des médicaments de mauvaise qualité, il
peut développer des résistances aux molécules antituberculeuses de 1ère ligne.
Il peut également être directement infecté par une personne déjà atteinte d'une
TB-MDR. C’est le cas pour au moins la moitié des malades multirésistants en
Chine. Cela pourrait s’expliquer par le manque d’information et de formation du
personnel soignant et par le non-transfert des malades atteints de TB des
centres de santé générale aux centres spécialisés.
La TB-MDR est encore plus complexe et plus
longue à traiter que la tuberculose simple : deux ans de traitement sont
nécessaires, avec des médicaments toxiques provoquant d'importants effets
secondaires.
Pauvreté et co-infection avec le VIH. Bien que dans le cadre des programmes
gouvernementaux chinois les médicaments contre la TB soient gratuits, les plus
démunis ne peuvent payer les nombreux examens et radios nécessaires au
diagnostic de la maladie.
Par ailleurs, les centres TB étant souvent éloignés
du lieu de vie et de travail des malades, ceux-ci ne peuvent pas - ou très
difficilement - se déplacer pour venir chercher leur traitement. Enfin, les
populations migrantes se déplacent beaucoup d’une région à une autre, en quête
d’un emploi. Autant de facteurs qui empêchent une bonne adhérence au traitement
de 1ère ligne et font émerger des résistances.
Dans le programme HIV/sida mené par MSF à
Nanning, 10% des patients séropositifs développent des infections tuberculeuses
actives. Or, diagnostiquer la TB chez les malades séropositifs, avec les outils
obsolètes dont on dispose actuellement, est particulièrement difficile.
«Les retards de diagnostic peuvent entraîner un retard de traitement et
le décès des malades en phase terminale du sida » déplore Peter,
conseiller médical MSF à Nanning.
Pour endiguer l’épidémie de TB en Chine, il faut donc, de toute urgence,
améliorer l’adhérence au traitement de 1ère ligne, les outils de diagnostic et
l’accès aux médicaments de 2ème ligne. Dans la province de Jilin, dans le nord
du pays, où la situation est particulièrement critique, MSF a participé aux
négociations pour la mise en place d’un éventuel programme de prévention et de
gestion de la TB-MDR.