Nos équipes sont mobilisées 24h/24 pour venir en aide aux victimes. Faites un don au “Fonds régional - Urgence Gaza" pour nous aider à poursuivre nos actions dans les zones touchées par ce conflit.
Congo-Brazzaville : statu quo pour les 114.000 réfugiés de RDC
27 avril 2010
- mis à jour le 4 juillet 2011
114.000 personnes sont toujours réfugiées près du fleuve Oubangui, au Congo-Brazzaville. Sans perspective de retour pour l'instant, leur situation sanitaire n'a guère évolué depuis plusieurs mois et risque même d'empirer
Isabelle Mouniaman, responsable de programme à MSF, fait le point sur la situation des réfugiés au Congo-Brazzaville (autre nom de la République du Congo)
Quelle est la situation actuelle au Congo-Brazzaville ?
Depuis le mois d'octobre pendant lequel ont eu lieu des affrontements dans la région de l'Equateur en RDC, la situation a peu évolué pour les 110 000 personnes venues se réfugier le long du fleuve Oubangui, au Congo-Brazzaville voisin sur un axe nord/sud.
55 000 personnes ont été recensées par le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations-Unies (UNHCR) dans le district de Bétou, au nord, mais elles ne bénéficient toujours pas du statut de réfugiés. Aujourd'hui, elles n'ont droit qu'à une carte d'accès aux distributions alimentaires et de matériels de première nécessité.
Dans le district d'Ipfomdo, au sud, l'enregistrement a été suspendu en raison de problèmes d'insécurité dans la région de Mbandaka. Environ 34 000 personnes vivraient dans cette zone. Dans l'extrême sud du département, dans la région de Liranga, vivraient à peu prés 17 000 réfugiés. Nous attendons le retour d'une de nos équipes qui s'est rendue sur place.
Quels sont les enjeux pour les mois à venir dans la région ?
Le problème majeur qui se pose dans cette région extrêmement enclavée de la Likouala est celui de l'acheminement de l'aide. La complexité logistique - les déplacements se font uniquement en pirogue ou baleinière - fait qu'aujourd'hui, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a des difficultés pour acheminer l'aide alimentaire. 200 tonnes seulement sont arrivées à Bétou. Ce n'est pas assez. ll faut se rendre compte que 100 000 personnes sont venues grossir les villages d'autochtones parfois en doublant voire quadruplant le nombre d'habitants. Même si la solidarité s'est mise en place dans les villages, il n'en reste pas moins qu'il faut partager l'existant.
Quelques femmes commencent à retraverser le fleuve pour aller cultiver leur terre ou aller sur les marchés côté RDC mais elles reviennent avant la nuit, côté Congo-Brazza. On voit bien que les personnes se sont installées, que les écoles fonctionnent, que personne n'a vraiment l'intention de rentrer. Si on ajoute aux difficultés d'acheminement une saison des pluies qui approche, des pics de paludisme qui risquent d'en découler et un accès à l'eau qui se limite au fleuve et à quelques puits ou stations de pompage pour l'eau potable alors oui, on peut craindre une dégradation de la situation sanitaire de la population dans les mois à venir, notamment sur le plan nutritionnel chez les enfants.
Quelles sont les activités de MSF aujourd'hui ?
Nous avons ouvert deux gros projets pour l'instant, le premier à Bétou et le second à Ipfomdo. Dans les deux cas, on est présent dans plusieurs services de l'hôpital et on a développé des sites de consultations fixes et mobiles dans les villages le long du fleuve. Sur Bétou, on a admis près de 1 000 patients à l'hôpital depuis janvier et réalisé plus de 38 000 consultations. L'activité à Impfomdo est moindre avec un taux d'occupation de l'hôpital de 65%.
On a également lancé deux missions exploratoires autour de la ville de Mobenzelé à 90 km au nord d'Impfomdo où 17 000 personnes seraient réfugiées. En fonction des résultats de ces missions exploratoires, on pourrait revoir notre stratégie d'intervention sur l'axe sud. Dans tous les cas, les projets MSF resteront importants dans les mois à venir et nos équipes vigilantes quant à l'évolution de la situation sur place.