Depuis août 2005, MSF travaille dans un hôpital de 200 lits où elle dispense des soins chirurgicaux, médicaux et pédiatriques et prend en charge les victimes de violences sexuelles.
“Le nombre de patients admis aux urgences est passé de 155 en moyenne à 236 la troisième semaine d'octobre, ce qui représente une augmentation de 50%, observe Augustin Augier, coordinateur du projet à Rutshuru. Il est toutefois difficile d'établir un lien direct entre l'augmentation du nombre de patients et les dernières arrivées de personnes déplacées. Nous sommes toutefois préoccupés par l'accès à plusieurs poches de populations qui ont été totalement coupées de l'aide, du fait des derniers combats. » En octobre 2007, 330 interventions chirurgicales ont été réalisées, contre une moyenne de 220 depuis janvier 2007.
Paludisme. Alors que les affrontements contraignent les populations à fuir, les maladies courantes font beaucoup de victimes parmi ces personnes déplacées. Plus de la moitié des patients admis à l'hôpital de Rutshuru souffrent de paludisme sévère. Cette maladie infectieuse mortelle, mais qui peut être facilement traitée, est la première responsable des décès parmi les enfants admis au service de pédiatrie. Les infections respiratoires sévères, telles que la pneumonie, ainsi que la malnutrition, la diarrhée et les complications obstétriques sont les autres pathologies les plus répandues.
“La mortalité au Nord Kivu est fortement liée à l'état d'affaiblissement de la population qui est mal alimentée, a un accès limité aux soins et connaît es conditions de vie précaires », indique le Dr Maria Guevara, coordinateur médical de MSF au Nord Kivu. La forte prévalence de l'anémie chronique que nous observons chez un grand nombre de patients en est une traduction médicale concrète. Quand ces patients déjà affaiblis contractent le paludisme ou une autre maladie, leur état s'aggrave rapidement et souvent le décès survient, notamment chez les enfants de moins de cinq ans.”
Cliniques mobiles. Une bonne part des personnes déplacées vivent dans la forêt où elles manquent d'abri, d'eau, de soins médicaux ou de nourriture et sont constamment sous la menace de l'insécurité. Elles ont souvent trop peur de se déplacer pour aller vers les centres de soins, ou alors ces centres sont fermés parce que le personnel médical a fui les violences.
Des milliers de personnes déplacées étant constamment en mouvement, MSF a envoyé des équipes médicales monter des cliniques mobiles dans des écoles, des centres de soins abandonnés ou des tentes et y dispenser des soins médicaux de base, les cas les plus graves étant référés à l'hôpital de Rutshuru. Les équipes mobiles de MSF ont donné plus de 2 000 consultations à Kabaya, Kinyandoni, Rugare, Katale et Karembi.
“Les cliniques mobiles nous offrent une grande souplesse pour atteindre les populations déplacées, précise Jane Coyne. Mais l'insécurité limite toujours nos possibilités de déplacements dans les zones les plus touchées. En plus des soins de base, les cliniques mobiles sont pour nous le moyen de s'assurer que les cas les plus graves sont envoyés à l'hôpital pour y recevoir des soins secondaires. Les équipes mobiles ont aussi un rôle essentiel pour détecter les premiers signes d'épidémie. »
Centres de soins. Suite aux combats, plusieurs centres de soins ont cessé de fonctionner parce que le personnel médical avait pris la fuite ou qu'il n'y avait plus de médicaments. Depuis début septembre, MSF a donc réhabilité et rouvert trois centres situés ans les zones de santé de Binza qui étaient fermés depuis février. A Buramba, Katwiguru et Kiseguru, MSF a donné au total 5 800 consultations jusque début novembre.