De nombreux patients reçus dans les cliniques MSF ont ainsi subi des événements profondément bouleversants. « Certains de nos patients, principalement ceux qui vivent à côté des colonies israéliennes… Je pense à ce garçon de sept ans, qui connaît des troubles du sommeil et des crises de panique depuis que son village a été attaqué par des colons israéliens. Son quartier a été attaqué avec des pierres et des cocktails Molotov, et il a vu des gens qu'il connaissait se battre avec les colons », explique Samieh Malhees, psychologue travaillant depuis cinq ans avec MSF dans le gouvernorat de Naplouse. Si la majorité des personnes reçues en consultation souffrent de problèmes familiaux ou domestiques, ces troubles sont difficilement dissociables du contexte de violences récurrentes.
« Une de mes patientes m'a dit que son mari criait sur elle et ses enfants comme certains soldats israéliens lui criaient dessus. Un autre patient m'a dit que son mari était devenu violent après avoir été grièvement blessé lors d'affrontements. Ces cas ne sont pas isolés, détaille Samieh Malhees. Je peux tracer un schéma où les sentiments d'oppression, d'humiliation, d'impuissance et de colère dus à l'occupation empiètent sur les liens familiaux et la violence suit son cours dans un cercle vicieux. » Même les personnes qui n’ont pas subi d’expériences traumatisantes directes sont confrontées aux conséquences perturbatrices indirectes de toutes ces tensions et violences.
La propagation du coronavirus, les restrictions qui s’en sont suivies, les graves conséquences sur la situation financière de nombreuses familles et les attaques continues contre les Palestiniens en Cisjordanie se combinent pour aggraver la situation déjà fragile des personnes confrontées à la détresse mentale, à la violence domestique et à divers types d'abus. « L'épidémie de coronavirus confronte tout le monde à l'inconnu, ce qui peut entraîner un sentiment de perte de contrôle et d'impuissance, explique Malhees. Ces sentiments peuvent augmenter l'anxiété et causer des symptômes inconfortables aux personnes souffrant de problèmes de santé mentale préexistants. »